FIAC 2018 : nos 3 œuvres coup de cœur à ne pas louper

FIAC 2018 : nos 3 œuvres coup de cœur à ne pas louper

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Par Lise Lanot

Publié le

Amateurs et amatrices d’art contemporain, ne fuyez pas devant l’abondance d’œuvres présentées à la FIAC : voici notre sélection de coups de cœur à ne pas manquer.

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C’est aujourd’hui que débute l’une des plus grandes foires internationales d’art contemporain du monde. Parce qu’on peut vite se sentir débordé·e·s par les quelque 195 stands des galeries invitées, nous sommes partis à la recherche d’œuvres créatives et rebelles qui valent le détour.

Le Random Triangle Mirror, l’œuvre d’Anish Kapoor qui porte bien son nom

Nul besoin de se déplacer jusqu’à Chicago où se trouve son fameux Bean ou de regretter d’avoir loupé l’exposition de ses œuvres viscérales à Paris, une sculpture de l’artiste contemporain Anish Kapoor est visible à l’intérieur du Grand Palais.

La galerie italienne Massimo Minini présente, accroché à un mur blanc, ce miroir concave composé de seulement trois éléments : des pièces de miroir assemblées, de la résine et une structure métallique qui soutient le tout. Selon la galeriste que nous avons rencontrée, le public ne devrait pas essayer de trop interpréter l’œuvre : “Il faut la regarder et c’est tout. On y voit l’écho, le reflet, c’est la perfection artistique.”

En effet, la sculpture est unique dans le sens où elle dépend de qui la regarde et de la façon dont le spectateur se place devant elle. À la manière d’un jeu kaléidoscopique, de simples mouvements de balancier changent drastiquement le reflet de l’œuvre. Ainsi, ce Random Triangle Mirror porte bien son nom puisque son résultat est aléatoire, protéiforme et mouvant. Le spectateur se retrouve partie intégrante de l’installation, qui devient presque performance. Créée en 2018, elle s’imbrique parfaitement dans notre époque obsédée par les tendances narcissiques, selfie en tête, à se placer au centre de tout ce qu’on voit, et ça, Anish Kapoor semble l’avoir bien compris.

Le Neon Café d’Ahmed Mater et son reportage sur les transformations de La Mecque

Originaire du sud de l’Arabie saoudite, Ahmed Mater a entrepris une documentation, aux frontières de l’art, de la géographie et de la critique économique, consacrée à la ville sainte de La Mecque. Chaque année, des millions de musulmans font leur hajj, soit le pèlerinage à La Mecque qui constitue le cinquième pilier de l’islam. Cet afflux annuel engendre des transformations dans la ville, notamment sous l’influence du capitalisme.

Pour la plupart des gens n’ayant jamais posé un pied dans la ville sainte, cette dernière a une image spirituelle. Si elle l’est bien, l’artiste contemporain souhaite également pointer les mutations qu’ont connues les alentours de la ville, grâce à une série de photographies, de vidéos et d’installations dont la création remonte à 2008. Une représentante de la Galleria Continua, qui expose les travaux d’Ahmed Mater, explique que la série Desert of Pharan (en référence au nom du désert où la ville sainte fut fondée) est une “constatation par l’artiste de l’expansion de masse connue par La Mecque “ :

“Les pouvoirs économiques construisent des hôtels 5 étoiles et les habitants de la ville vivent de grands changements. […] À cause de cette expansion directement liée à l’essor économique de l’Arabie saoudite, la ville perd de son identité, de son histoire, et de ses souvenirs.”

La collection d’images en couleur et en grand format de l’artiste retranscrit cette impression “d’immense chantier à ciel ouvert”. Ahmed Mater mêle des vues aériennes et des grands angles de la ville, où l’on peut observer les travaux infinis, mais aussi des prises de vues plus intimistes, comme celle proposée à la FIAC (ci-dessus), Neon Café, qui nous plonge dans l’intimité des pèlerins en route pour le hajj.

Et puis pourquoi sommes-nous faits en viande ?, l’œuvre coup de poing de Patrick van Caeckenbergh

La galerie parisienne In Situ présente une œuvre impressionnante, par sa taille et son contenu, créée par l’artiste belge Patrick van Caeckenbergh entre 1990 et 2017. Présentée comme une énorme boîte à bijoux ouverte, la structure est une construction mêlant carton, collage, bois, miroir et papier sur plus de 2 mètres de haut, presque 4 mètres de long et près de 2 mètres de large.

La face arrière de l’installation (le haut du couvercle de la boîte ouverte, présenté à la verticale) est constituée d’un quadrillage de morceaux de miroirs et de dessins de visages représentant différentes nations et ethnies (“Berberin aus Biskra”, femme berbère de Biskra, “Mädchen von Tahiti”, jeune femme de Tahiti, “Afghane”, homme afghan, “Häuptling von Ruk”, chef du village iranien Ruk, etc.) placés les uns à côté des autres. En observant ces différents visages, le spectateur voit donc le sien apparaître par intermittence à leurs côtés.

À l’intérieur de la boîte, de l’autre côté, sont amassées des dizaines et des dizaines de “corps” dépecés, faits de muscles et de chair, en deux dimensions. Au-dessus de cet amoncellement de corps plats froissés, la face intérieure du couvercle de la boîte présente différentes carnations de peau.

Ainsi, cette installation en trois dimensions se compose de trois éléments constitutifs de l’être humain : le visage, la chair et la peau. Cette décomposition de l’être insiste sur l’horreur des massacres perpétrés par l’homme blanc, elle met des visages sur des corps finalement tous semblables lorsqu’ils sont mis à nu et appuie le fait que la couleur de peau de ces hommes, élément pour lequel on les a décimés, n’a pas d’importance.

La FIAC est installée au Grand Palais jusqu’au 21 octobre 2018.

La branche française de la Galleria Continua, aux Moulins, présente “Stand in the Pathway and See”, une exposition de plusieurs séries d’Ahmed Mater, jusqu’au 2 juin 2019. Une expo solo lui sera consacrée dans leur galerie italienne du 27 octobre au 13 janvier 2019.