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Les portraits ferrotypes hors du temps de skaters de la West Coast

Les portraits ferrotypes hors du temps de skaters de la West Coast

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Par Justina Bakutyte

Publié le

La photographe américaine Jenny Sampson travaille depuis plusieurs années sur une série surprenante, à mille lieues de l’image habituelle de la culture skate.

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Le skate est un sport de vitesse, d’adresse et de mouvement permanent. Une bonne dose de talent et de rapidité est nécessaire pour immortaliser les figures des skaters, et un skatepark n’est pas vraiment le lieu idéal pour utiliser du matériel de photographie encombrant et des expositions prolongées.

Pourtant, depuis 2010, Jenny Sampson tire le portrait de skaters de la côte ouest des États-Unis en utilisant du collodion humide, un procédé centenaire qui permet d’obtenir des photographies que l’on appelle des ferrotypes. Le résultat est une surprenante série baptisée Skaters Tintypes (“Ferrotypes de skateurs”), qui a la beauté de l’inattendu et un caractère hors du temps.

Quand la culture contemporaine rencontre une technique vieille de 160 ans

Sur son site, Jenny Sampson retrace l’histoire de cette technique ancienne qu’elle utilise pour ses photos.

“Elle implique de recouvrir une plaque de métal ou de verre avec du collodion visqueux et salé (qui colle comme de la glu), avant d’immerger cette plaque dans du nitrate d’argent pour la rendre sensible.

Alors que la plaque est encore humide, elle est placée dans le boîtier, et l’exposition se fait. Tout de suite après l’exposition, il faut déverser le liquide révélateur sur la plaque, la laver, puis fixer, et la laver de nouveau. Le résultat sur du métal (ferrotype) ou sur du verre (ambrotype) est un objet photographique argenté unique, magnifique et parfois obsédant.”

Développée en 1852, cette méthode était un moyen moins coûteux, moins toxique et plus mobile que celles qui l’ont précédée. Elle permettait aux photographes de voyager et de faire des portraits au fil de leurs pérégrinations. Jenny Sampson admet qu’elle est captivée par les propriétés magiques de ce procédé et par le fait que chaque ferrotype est complètement unique :

“Quand j’ai fait mon premier ferrotype d’un skater en 2010, j’ai immédiatement été frappée par la beauté et le contraste entre la culture contemporaine et un procédé photographique vieux de 160 ans.

Alors que j’observais et que j’échangeais avec des skateurs de différentes communautés, j’ai rapidement identifié une profondeur au sein de cette culture qui n’est souvent connue que de manière superficielle, cela m’a donné envie de faire ces photos.”

Les portraits réalisés par Jenny Sampson laissent une impression étrange, comme si les skaters avec leurs sweats à capuche modernes, étaient des fantômes d’un passé lointain. Le ferrotype, avec ses flous, ses ratures et ses impuretés, donne un aspect ancien à ses photos, comme si elles avaient été prises il y a fort longtemps.

Un autre aspect intéressant de ses portraits est la touche de tranquillité que le procédé semble conférer au monde du skateboard. Alors qu’ils pratiquent un sport où l’enjeu est souvent basé sur la vitesse d’exécution, le temps d’exposition des plaques de collodion force les skaters à se figer un long moment devant la caméra.

Contrairement aux portraits animés et provocateurs de riders dont nous avons l’habitude, Jenny Sampson nous offre une perspective unique sur ces sportifs du bitume.

Ses photographies sont aussi réunies dans l’ouvrage Skaters: Tintype Portraits of West Coast Skateboarders.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet