Créée spécialement pour votre smartphone, une exposition interroge le monde numérique

Publié le par Lise Lanot,

© Omar Prestwich/Unsplash

Une exposition qui se visite du bout des doigts, de façon aléatoire.

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Cette année de bouleversements culturels et artistiques causés par la crise du Covid-19 pousse artistes et institutions à questionner et repenser les façons de créer, montrer et partager l’art. Privés de leur public, les musées s’adaptent en transposant leurs expositions physiques en expériences virtuelles. Déterminée à mettre en relief cette révolution et les paradoxes qui l’accompagnent, la galerie NYU Abu Dhabi présente une exposition réalisée pour nos écrans de smartphones, à découvrir du bout des doigts.

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L’expérience présente les travaux de neuf artistes et collectifs qui interrogent l’art contemporain “virtuel et basé sur des écrans”. Comme son nom l’indique, l’exposition “not in, of, along, or relating to a line” vise à témoigner des libertés permises par le virtuel en refusant les parcours balisés des expositions physiques : “Le public est invité à parcourir un chemin virtuel non linéaire et rempli de ramifications au travers d’œuvres d’artistes qui explorent la transformation de l’identité individuelle par les outils numériques et la connexion que permet Internet”, explique la galerie.

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“My Little Big Data”, 2019. (© Eva & Franco Mattes/NYUAD Gallery)

La plateforme virtuelle guide le public d’œuvre en œuvre (vidéos, photographies, créations graphiques) de façon aléatoire : “Deux visiteurs n’auront pas la même expérience”, se délecte Heather Dewey-Hagborg, une des conservatrices de l’exposition. Ce choix est inspiré de la théorie du Rhizome, développée par Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui décrit un modèle horizontal à plusieurs branchements où chaque élément peut en influencer un autre sans rapport hiérarchique.

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Les artistes invité·e·s ont pour la plupart travaillé sur commission, en écho au contexte sanitaire : Cao Fei a utilisé la réalité augmentée “pour créer un ami imaginaire, un sosie de son fils, qui joue avec ce dernier”. De son côté, inspirée par les tutos beauté qu’on trouve sur YouTube, Addie Wagenknecht enseigne la cybersécurité, tandis que la curatrice Maryam Al Hamra présente une exposition de sculptures en réalité virtuelle.

“Alive Still No. 1”, 2020. (© Addie Wagenknecht et Aiala Hernando/NYUAD Gallery)

Tous et toutes ont tenté, à leur façon, de rendre visibles les paradoxes de la culture numérique, entre restrictions et libertés. Smartphones en main, quel choix avons-nous vraiment, à quel point transformons-nous la réalité et nous laissons-nous transformer par la technologie, interpelle la galerie.

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Bien que défini de façon aléatoire, le parcours de l’exposition est, par exemple, tout de même imposé au public – comme un reflet de notre navigation quotidienne. C’est donc dans sa forme, plus que dans le propos des œuvres présentées, que l’exposition interroge l’évolution de nos pratiques numériques et leurs liens avec le monde de l’art.

“The Odyssey of Li Nova, Episode 2: Tai Chi, 2020”. (© Cao Fei/NYUAD Gallery)
“Sacred Tree Activated”, collage numérique, 2019. (© Jumairy/AlHamra National Museum/NYUAD Gallery)

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“Ev3ryd4y Cyb0rg (Season 1, Episode 3: L0:F1 Loop)”, 2019. (© Lee Blalock/NYUAD Gallery)
“From March to April… 2020”, 2020. (© Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh, Hesam Rahmanian/Galerie Isabelle van den Eynde/NYUAD Gallery)
“Contra-Internet Inversion Practice #3: Modeling Paranodal Space”, 2016 (© Zach Blas/NYUAD Gallery)

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“not in, of, along, or relating to a line”, présentée par la galerie NYU Abu Dhabi, est visible jusqu’au 10 juillet 2021.