Une photographe a immortalisé sa relation complexe avec sa mère bipolaire

Publié le par Donnia Ghezlane-Lala,

© Meghan Marin

Dans sa série touchante The Sound of the Sun, Meghan Marin explore sa relation délicate avec sa mère et sa petite sœur.

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À première vue, ces photos donnent à voir de simples vacances familiales au cœur de terres arides états-uniennes. Une mère et deux filles posent au beau milieu de paysages aussi solaires qu’esseulés. Puis, viennent des photos de famille énigmatiques, suivies de textes extraits de journaux intimes. Je commence à mener une enquête dans ma tête, à observer de plus près les visages de ces trois femmes, à chercher des indices pour comprendre la véritable nature de ce voyage.

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La photographe Meghan Marin signe ici une série bien plus pesante qu’elle n’y paraît. The Sound of the Sun dépeint la dernière fois qu’elle a vu sa mère, lors d’un road trip en mai 2019. Elle est composée d’images du passé, des clichés innocents de ce dernier voyage et des pages des journaux intimes tenus par sa mère atteinte de troubles bipolaires et dépressifs.

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Elle écrit sur son site :

“Ma mère lutte contre une dépression, un trouble bipolaire et probablement une schizophrénie, depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Ce voyage est la dernière fois que je l’ai vue ; peu après notre retour à la maison, sa santé mentale a rechuté et elle s’est éloignée de notre famille. Je continue de chercher des indices dans son comportement, qui était bien meilleur lors de ce voyage. Elle était si proche d’être la mère que j’ai toujours voulu qu’elle soit.

Je la cherche constamment, dans chaque souvenir. Quand je triais les images que j’ai prises lors de notre voyage, je ne pouvais m’empêcher de chercher des fissures dans ses expressions, me demandant si j’aurais pu empêcher cela. Ces images sont une manière de combler le vide qu’elle a laissé dans nos cœurs et de réconcilier les deux visages de ma mère : celui dont je me souviens, et celui qui m’est étranger aujourd’hui.”

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Au fil des images, l’aura de sa mère se dessine de manière plus claire. Elle devient familière au travers de ses propres récits et des photos de Meghan Marin. “Passive, agressive”, “distorsion de la pensée”, “désordre de l’humeur”, “moins de somnambulisme car j’ai décidé que je devais être une mère responsable de sa propre santé”, “j’ai choisi la paix, dis-leur”, “à tous les menteurs dehors, je vous vois”, lit-on dans ses carnets.

Derrière ces instantanés aux couleurs chaudes et crépusculaires, je lis l’urgence de la jeune photographe de conserver d’ultimes souvenirs heureux, d’adoucir les contours de l’image maternelle, de la revoir avec ses yeux d’enfant admirative. Ces deux semaines de voyage documentées sont pour elle une manière de faire un deuil et de se souvenir de l’amour qu’elle lui portait.

Vous pouvez suivre le travail de Meghan Marin sur son compte Instagram.

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