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5 empaquetages emblématiques de Jeanne-Claude et Christo

5 empaquetages emblématiques de Jeanne-Claude et Christo

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© Jeanne-Claude et Christo/Photo : Wolfgang Volz/Christo and Jeanne-Claude Foundation

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Avant l’Arc de triomphe, le couple d’artistes a sublimé d’autres monuments naturels ou culturels.

Jeanne-Claude et Christo, duo maître de l’empaquetage, voulaient qu’on considère leurs œuvres comme “l’expression d’une liberté totale, irrationnelle, exempte de toute justification”. Avant l’Arc de triomphe, le couple d’artistes a sublimé d’autres monuments naturels ou culturels. En voici cinq exemples.

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Wrapped Coast, Little Bay, à Sydney (1969)

Le couple choisit la côte de Little Bay, une falaise sur 2,5 kilomètres au sud de Sydney balayée par l’océan Pacifique. C’est la première fois qu’il s’attaque à un espace naturel.

Jeanne-Claude et Christo, Wrapped Coast, One Million Square Feet, Little Bay, Sydney, Australie, 1968-69. (© Shunk-Kender/Christo & Jeanne-Claude Foundation/J. Paul Getty Trust)

Le binôme sélectionne un tissu synthétique épais et blanc, utilisé par les agriculteur·rice·s, capable de résister aux vagues et à l’eau de mer salée. Les artistes pilotent la mise en place de son installation titanesque nécessitant quelque 93 000 mètres carrés de tissu, 56 kilomètres de corde, quinze alpinistes et une centaine d’artistes et architectes.

Inauguré le 28 octobre 1969, l’empaquetage dure dix semaines. “L’urgence d’être vu est d’autant plus grande que demain tout aura disparu… Personne ne peut acheter ces œuvres, personne ne peut les posséder, personne ne peut les commercialiser, personne ne peut vendre des billets pour les voir… Notre travail parle de liberté”, affirme Christo.

Wrapped Museum of Contemporary Art, Museum of Modern Art, à Chicago (1969)

Jeanne-Claude et Christo, Wrapped Museum of Contemporary Art, Chicago, 1968-69, 1969. (© Shunk-Kender/Christo and Jeanne-Claude Foundation/J. Paul Getty Trust)

En 1969, Jeanne-Claude et Christo jettent leur dévolu sur le Musée d’art moderne de Chicago : les deux partenaires sont séduit·e·s par sa structure-emballage en forme de boîte à chaussures. C’est leur première œuvre américaine.

En 1967, le couple s’était déjà fait la main sur la Kunsthalle de Bern, son premier empaquetage d’un édifice public. Cette fois, il choisit une bâche kaki pour contraster avec la neige qui recouvre la ville l’hiver. Alarmés par l’étrange installation, les pompiers exigent que la bâche soit démontée avant de finalement accepter qu’elle reste.

L’empaquetage du Pont-Neuf, à Paris (1985)

© Pascal George/AFP

En 1975, Jeanne-Claude et Christo se lancent dans le projet de transfigurer le Pont-Neuf, “berceau de la capitale et grand sujet de l’histoire de l’art”. “Empaqueté, il passe du statut de sujet d’art à celui d’œuvre.” Le maire Jacques Chirac est d’abord réticent, mais le couple mène une intense campagne de persuasion pendant dix ans.

40 000 mètres carrés de toile sont tissés en Allemagne et piqués à Armentières, dans le Nord. Plongeur·se·s, cordistes, alpinistes : 400 personnes collaborent pour tendre onze kilomètres de corde sous l’œil médusé des Parisien·ne·s. Le binôme veut “offrir un autre regard et d’autres habitudes au public, accoutumé à un espace immuable depuis des siècles”. “Il s’agit de redécouvrir l’architecture du pont en soulignant les reliefs […], provoquer un impact conceptuel et sensoriel nouveau.” Le Pont-Neuf reste emballé quinze jours.

L’empaquetage du Reichstag, à Berlin (1995)

Enveloppé d’un tissu argenté de 100 000 mètres carrés, l’empaquetage du parlement allemand n’est réalisé que vingt ans après la première demande d’autorisation. Rejetée plusieurs fois par Berlin, l’œuvre n’a pu voir le jour qu’après un vote au Parlement en 1994.

Jeanne-Claude et Christo louent le Reichstag mais également un périmètre de 500 mètres autour du bâtiment pour s’assurer qu’aucune entreprise n’utilise l’espace pendant son installation. “Chaque projet est très biographique”, confie Christo au Centre Pompidou.

“Je me suis échappé de Bulgarie pendant la guerre froide. […] Le Reichstag est le seul espace physique où le bloc soviétique a rencontré l’ouest, c’est le seul endroit où l’est et l’ouest se sont rencontrés à Berlin […]. C’est pour cette raison que j’ai voulu l’empaqueter.”

Visité par des millions de personnes, l’empaquetage est retiré après deux semaines. Berlin aurait souhaité le garder plus longtemps. “C’était l’une des plus belles choses que j’ai jamais vues”, confiait Christo au Guardian.

Wrapped Trees, musée Beyeler, à Riehen, Suisse (1997)

Pendant de nombreuses années, Jeanne-Claude et Christo emballent des arbres. En 1997, le couple revêt les 160 arbres du musée Beyeler en Suisse d’une toile transparente de polyester mêlée de fibres argentées. L’idée est de voiler pour mieux dévoiler. Les arbres sont transformés en objets changeants. Ces apparitions incongrues permettent de rendre visible le vent qui s’engouffre dans le tissu.

Konbini arts avec AFP