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À Paris, une performance engagée expose drag-queens et kings à la vue de passants

À Paris, une performance engagée expose drag-queens et kings à la vue de passants

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© Mehryl Levisse/Photo : © Adrien Thibault

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Mehryl Levisse questionne le danger de l’espace urbain pour les personnes LGBTQIA+ ainsi que les regards que l’on pose sur elles.

Dans Horama, Mehryl Levisse dit explorer “les enjeux sociologiques et les représentations archétypales du corps” pour “déconstruire les représentations genrées hétéronormatives”. L’artiste franco-italien applique cette intention pour tous ses autres travaux artistiques mêlant différents media. Ici, il a choisi la performance : drag-queens et kings sont invité·e·s à habiter une caravane au vu et au su de tou·te·s. 

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Présentée à la Villette, dans le cadre de l’événement Zone d’Urgence Temporaire Artistique, cette manifestation performative place le public dans une position de voyeur·se malsain·e pour questionner le regard que l’on pose sur les personnes de la communauté LGBTQIA+ dans l’espace public. “Horama” vient d’ailleurs du grec et signifie “vision, apparition”.

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

“[Horama] reprend l’univers des freak shows, cirques itinérants du siècle dernier, qui exposaient des corps différents, considérés comme déviants, notion [que l’artiste] revendique et transpose sur le plan de la lutte contre les discriminations envers la communauté LGBTQIA+”, détaille le site du festival. 

Déconstruire un symbole familial 

Dans cette caravane aux airs de “diorama des musées d’histoire naturelle”, les drag-queens et kings “vivent et vaquent à leurs occupations dans l’intimité” : les acteur·rice·s lisent, sirotent un cocktail, fument, mangent, consultent leur téléphone, contemplent et attendent. Les codes de la nuit sont transposés dans le véhicule : il y a une boule à facettes fixée au plafond, ça brille, c’est rose et fleuri. 

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

Si l’artiste a choisi une caravane pour sa performance, c’est parce que ce véhicule est le “symbole de la vie familiale hétéronormative”. “La communauté LGBTQIA+ est l’une des plus précaires, beaucoup d’entre nous sont mis à la rue par leur famille dès l’adolescence, et la prostitution est un moyen de survivre extrêmement présent dans notre communauté. Le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes LGBTQIA+”, rappelle Levisse.

Derrière ces mouvements du quotidien banals reproduits par des performeur·se·s drag, Mehryl Levisse livre un acte politique à l’heure où la communauté LGBTQIA+ demeure vulnérable dans l’espace urbain. C’est “un retournement du stigmate et un rappel de l’origine des émeutes de Stonewall, emmenées sur la place publique par les activistes transgenres Martha P. Johnson ou Sylvia Rivera”. 

“Les attaques LGBTphobes se multiplient et après un an et demi de fermeture [de lieux de vie culturels] et de Covid-19, nous avons perdu en visibilité, en libertés et en espaces sécurisés.

L’espace public est un espace mâle et hétéronormé, et la liberté de la femme ou de la communauté LGBTQIA+ dans cet espace n’est pas une évidence, il s’agit de droits et de territoires pour lesquels nous devons nous battre afin de pouvoir circuler et vivre librement sans risquer de se faire insulter, harceler, frapper. Être une personne LGBTQIA+ visible dans l’espace public est politique”, expose Levisse.

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

Horama, Mehryl Levisse, La Villette. (© Adrien Thibault)

Après leurs dates en juillet, les drag-queens et kings Nomai Camara, Cookie Kunty, Yax Ferri Venti, Veida Shimmy et Schlampakir Von Fickdich reprendront leur performance les 4 et 5 septembre 2021, de 16 heures à 19 heures, en accès libre et gratuit à la Villette (Paris), près de L’Artère de Fabrice Hyber.