Pour acquérir cette œuvre de Banksy, il vous suffit de deviner son poids

Pour acquérir cette œuvre de Banksy, il vous suffit de deviner son poids

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Par Aude Jouanne

Publié le

Fin du concours le 22 décembre prochain.

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© Choose Love

Au royaume du trolling pour la bonne cause, Banksy entend bien prouver qu’il est le roi incontesté. L’artiste, qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de dénonciation frontale, a réaffirmé son engagement en faveur des réfugiés, quelques jours après la découverte tragique d’une quinzaine de migrants morts dans un canot dérivant au large de la Libye.

Pas de fresques accusatrices cette fois mais une annonce faite via son compte Instagram, dans laquelle l’artiste déclare mettre en jeu sous forme de concours l’un des bateaux de migrants télécommandés créés pour son parc d’attractions apocalyptique, Dismaland. Et comme toujours avec Banksy, il y a un twist.

“Je mets en jeu un des bateaux de Dismaland à partir de 2 livres sur www.choose.love. Entièrement télécommandé, vitesse maximum de 3 nœuds, piles incluses.

Devinez simplement combien il pèse. [Le bateau] sera en présentation au pop-up store Help Refugees. 30 Fouberts Place, Carnaby Street, à Londres jusqu’à la fin du concours le 22 décembre.”

Parier sur la solidarité

Pour espérer devenir l’heureux propriétaire de cette œuvre satirique, il faut participer à un concours qui consiste à deviner son poids sur la boutique en ligne Choose Love, où elle est mise en vente. Un choix loin d’être anecdotique puisque, pour chaque article acheté, cette plateforme distribue un article similaire à un réfugié et reverse 100 % des recettes aux organisations humanitaires qui œuvrent sur le terrain.

Ouvert jusqu’au 22 décembre prochain, ce concours n’impose aucune restriction d’estimations par personne pour la simple et bonne raison que chaque nouveau pari s’accompagne d’une donation, de 2 à 100 livres, soit de 2,25 à 112 euros environ – intégralement reversés à une organisation selon le fonctionnement de la plateforme, donc. Un beau pied de nez aux collectionneurs qui n’hésitent pas à débourser des millions pour acquérir une des œuvres de l’artiste.

L’installation à Dismaland. (© Banksy/Creative Commons)

Appel aux dons déguisé

Bonne nouvelle pour ceux qui n’auraient pas le compas dans l’œil, quelques indices ont été dévoilés pour guider les estimations, notamment les dimensions du bateau, mais aussi sa composition, tout en fibre de verre, résine et mousse. Autre option pour voir l’œuvre de plus près et se faire une idée : se rendre directement au pop-up store de la boutique à Carnaby Street, à Londres.

À travers l’aspect ludique de cet appel aux dons, déguisé en concours basé sur sa notoriété, Banksy a trouvé un moyen aussi simple qu’efficace d’attirer l’attention du grand public sur le sort des réfugiés, et par ce biais d’encourager la solidarité. Et ce, malgré la critique à peine voilée de la nécessité pour les sociétés occidentales de céder à un engouement autour d’une cause, qui ne toucherait pas autrement.

En creux, on devine aussi une attaque contre sa cible préférée, le marché de l’art, dont il s’évertue à casser les codes et avec lequel il n’a visiblement pas fini de régler ses comptes. En témoignent son coup d’éclat à la maison Sotheby’s et la destruction de son œuvre Girl with Balloon, encore frais dans les mémoires.