À Bristol, la statue d’une militante Black Lives Matter remplace celle d’un esclavagiste

À Bristol, la statue d’une militante Black Lives Matter remplace celle d’un esclavagiste

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© Geoff Caddick/AFP

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Par Clothilde Bru

Publié le

Malheureusement, la sculpture a été retirée ce matin à l'aube, soit 24 heures après son installation.

La statue d’un marchand d’esclaves déboulonnée début juin à Bristol a été remplacée mercredi 15 juillet par celle d’une jeune femme noire qui a participé aux manifestations du mouvement Black Lives Matter. Intitulée A Surge of Power (“une montée en puissance), la nouvelle sculpture réalisée par l’artiste Marc Quinn a été installée sur le socle où se trouvait la statue d’Edward Colston, sans que la mairie de Bristol soit au courant.

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La grande pièce en acier noir représente Jen Reid, une manifestante qui avait été photographiée le poing levé sur le socle vide de l’ancienne statue d’Edward Colston, marchand d’esclaves de la fin du XVIIe siècle. Cette sculpture, qui faisait controverse depuis des années, avait été déboulonnée puis jetée dans le fleuve début juin, lors de manifestations du mouvement Black Lives Matter ayant suivi le décès fin mai de George Floyd, un Américain noir tué par un policier.

Ces manifestations s’étaient accompagnées d’une série de dégradations de statues de personnalités, contestées en raison de leur implication dans le commerce d’esclaves ou de déclarations racistes. Le sort de la statue, repêchée depuis, n’avait pas été fixé. L’artiste Banksy, originaire de Bristol, avait proposé de la remettre sur son socle et d’y adjoindre des statues des manifestants la déboulonnant.

Une action ” sacrément culottée”

Le maire de la ville, Marvin Rees, avait, lui, promis de lancer une grande consultation démocratique à ce sujet. Présente lors de la pose de la statue qui la représente, Jen Reid a jugé l’action “tout simplement incroyable” et “sacrément culottée”. Cela va permettre de “poursuivre la conversation” sur le passé esclavagiste du Royaume-Uni, a-t-elle déclaré au quotidien The Guardian. “Jen avait déjà créé la statue lorsqu’elle s’est tenue sur le socle et a levé son bras en l’air. Nous l’avons cristallisée”, a indiqué Marc Quinn.

Edward Colston s’est enrichi dans le commerce des esclaves. Il aurait vendu 100 000 esclaves d’Afrique de l’Ouest dans les Caraïbes et aux Amériques entre 1672 et 1689, avant d’utiliser sa fortune pour financer le développement de Bristol, ce qui lui a longtemps valu une réputation de philanthrope.

La statue retirée 24 heures après

Malheureusement, la sculpture de la militante n’aura pas tenu plus de 24 heures à son emplacement : elle a été retirée jeudi à l’aube. Selon la municipalité, la statue a été retirée à sa demande, précisant qu’elle serait placée dans son musée pour que son auteur puisse la récupérer ou la donner à la collection de la ville.

Réagissant mercredi à l’installation de l’œuvre, le maire de Bristol, Marvin Rees, avait dit sur Twitter comprendre que les gens veuillent “s’exprimer”, mais que la statue installée “sans autorisation” devrait être retirée.

Konbini avec AFP.