Cuillère géante et sculpture d’une tonne, Katinka Bock expose son travail à Paris

Cuillère géante et sculpture d’une tonne, Katinka Bock expose son travail à Paris

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© Katinka Bock

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Par Lise Lanot

Publié le

Katinka Bock expose à Lafayette Anticipations ses réflexions sur la survivance de l'art.

L’artiste allemande Katinka Bock crée ses œuvres en fonction des espaces dans lesquels elle les présente. Les 2 200 mètres carrés de Lafayette Anticipations – l’immense bâtiment industriel niché au cœur du Marais parisien et dédié à l’art contemporain depuis début 2018 –, ses 875 mètres carrés de surface d’exposition et ses planchers amovibles permettant 49 combinaisons possibles d’aménagement de l’espace ont particulièrement inspiré la sculptrice.

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Stimulée par la réfection de l’impressionnant dôme qui surmontait le Anzeiger-Hochhaus de Hanovre, un “lieu mythique d’activité éditoriale” datant de 1928 et dont la configuration lui a rappelé l’espace d’expo parisien, elle a conçu Rauschen (“ressac” en français, soit le bruit incessant des vagues qui s’éclatent contre le sol), pièce maîtresse de l’exposition Tumulte à Higienopolis.

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

Au cœur du bâtiment, comme accrochée au ciel, la sculpture occupe un puits de lumière central. Haute de 9 mètres et lourde d’une tonne et demie, l’immense structure verte est constituée de feuilles de cuivre récupérées du toit de l’Anzeiger-Hochhaus.

Ses formes ondulantes sont constituées de matériaux marqués par “les impacts des bombes qui ont transpercé [les feuilles de cuivre], leurs réparations, les dégradés de couleurs selon l’orientation est-ouest ou nord-sud, la pollution, les griffures de générations d’oiseaux, les impacts de grêle”.

Autour de cette gigantesque œuvre suspendue, visible depuis les différents niveaux du lieu qui s’apparentent ainsi à des ponts de bateaux, sont installées d’autres œuvres, la plupart montées sur-mesure. Quelques pièces viennent répondre à l’ancienne fonction de la pièce centrale, dont les tôles abritaient un temple du travail journalistique en Allemagne.

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

Au troisième niveau, des feuilles de tôle “sèchent” sur des fils, à la manière de journaux que l’on étend. Au premier niveau, une sculpture massive d’un “homme gisant” est couchée à terre. Seuls les pieds de l’homme dépassent, le reste de son corps est recouvert de papiers journaux, en écho à une image exposée au dernier niveau, celle de Rémi Duval, un “Clochard au bord de la Seine” dont on ne distingue que les pieds nus.

En plus de cette thématique journalistique, Katinka Bock fait traverser son exposition de concepts liés au temps qui passe et à la putréfaction. À l’extérieur du bâtiment, une cuillère massive est couchée sur une poutre. L’eau de pluie la remplit au fil du temps et y stagne. L’usage premier de l’ustensile – boire son contenant – est contrecarré par sa matière, puisqu’à haute dose, le cuivre s’oxyde et empoisonne. L’artiste établit une réflexion sur l’objet d’art et son existence à l’intérieur et à l’extérieur d’un lieu, pendant et après son exposition.

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

© Katinka Bock/Image de Pierre Antoine

L’exposition “Tumulte à Higienopolis” de Katinka Bock est visible à Lafayette Anticipations jusqu’au 5 janvier 2020.