Des chasses aux œuvres d’art miniatures s’organisent dans les rues de Brooklyn

Des chasses aux œuvres d’art miniatures s’organisent dans les rues de Brooklyn

Image :

© Steve Wasterval/Instagram

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Un jeu qui rend le voisinage heureux.

Zack Obid tremble littéralement d’émotion : il vient de trouver un tableau miniature lors d’une des “chasses au trésor” organisées chaque semaine par un artiste dans le quartier new-yorkais de Greenpoint, à Brooklyn.

À voir aussi sur Konbini

En trois ans, Steve Wasterval estime avoir peint et caché quelque 80 tableaux miniatures représentant ce quartier des bords de l’East River, autrefois à forte population d’origine polonaise, aujourd’hui branché et prisé par les artistes. “Je voulais offrir mon art, l’accrocher aux murs, dans les rues”, a indiqué le peintre à l’AFP depuis son studio de Greenpoint, ancien atelier de fabrication de crayons de couleur.

“Mais comment les accrocher ? Et puis les gens les auraient immédiatement enlevés […] Je me suis dit qu’il fallait faire des tableaux miniatures et les cacher pour que les gens les trouvent”, dit-il. Quasiment chaque fin de semaine, il publie sur son compte Instagram une photo d’un tableau minuscule devant le lieu – toujours à Greenpoint – qui l’a inspiré.

En quelques minutes, une dizaine de personnes apparaissent et se mettent à chercher cette œuvre de 3,8 centimètres sur 5 partout, derrière un mur, sous un escalier de secours… Parfois, l’artiste est dans les parages, parfois pas. Quand ils le lui demandent, les “chasseur·se·s” reçoivent des indices par messages directs sur le réseau social.

“Petits trophées”

“Ces tableaux ne sont pas à vendre et ne le seront jamais”, dit-il. “Chaque semaine, des gens m’envoient un message disant qu’ils veulent en commander un, en acheter un. Non, jamais. On ne peut ni les acheter ni les commander, il faut les trouver. Ce sont comme des petits trophées dont les gens sont fiers.”

Steve Wasterval veut montrer son quartier en pleine transformation, rencontrer le voisinage, s’amuser et, évidemment, faire connaître son art. L’artiste peint aussi des tableaux en moyen format, toujours des paysages du quartier, qu’il vend entre 2 000 et 3 000 dollars. “Je veux continuer à faire ça, tout le temps. Je ne veux pas que tout devienne une vente […] C’est un peu du marketing, mais c’est amusant car ça n’y ressemble pas.”

Sous un pot de fleurs

Cette fois, le peintre a caché un tableau représentant une pizzeria populaire du quartier sous un bac à fleurs du parc situé à proximité, au milieu des enfants qui jouent à cache-cache. Arrive le réalisateur Zack Obid, 27 ans, qui habite tout près de là et se met à chercher comme un fou. D’autres “chasseur·se·s” le rejoignent, certain·e·s à vélo. Tout le monde vérifie constamment son téléphone en quête de nouveaux indices de l’artiste.

Zack Obid crie et rit en trouvant le tableau. C’est le cinquième qu’il trouve en trois ans. “C’est fantastique […] Pour beaucoup de gens, c’est non seulement une façon de posséder une véritable œuvre originale, mais c’est aussi chez nous”, dit le réalisateur qui a récemment acheté une toile de Wasterval.

Lisa Llanes, graphiste de 38 ans, est arrivée trop tard cette fois, mais a trouvé deux tableaux récemment. “Je vis à Greenpoint depuis presque huit ans, et c’est chouette pour le quartier. C’est bien aussi que Steve soit un artiste local et que ses œuvres soient adorables”, dit-elle.

Steve Wasterval espère organiser un jour une exposition avec toutes ces “miniatures” prêtées par les gagnant·e·s, et étendre bientôt ses chasses au trésor à d’autres quartiers new-yorkais. “Les gens me le réclament, dit-il, je vais lentement étendre mon rayon d’action.”

Konbini arts avec AFP