En Pologne, des catholiques ont manifesté devant une expo de Marina Abramović

En Pologne, des catholiques ont manifesté devant une expo de Marina Abramović

Image :

FLORENCE, ITALY – SEPTEMBER 20: Artist Marina Abramovic meets the public at the Cinema Odeon to introduce the opening of the exhibition ‘Marina Abramovic The Cleaner’ in Palazzo Strozzi on September 20, 2018 in Florence, Italy. (Photo by Laura Lezza/Getty Images)

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Ils lui reprochent d'être sataniste.

Marina Abramović rencontre son public pour son exposition “The Cleaner”, le 20 septembre 2018, au Palazzo Strozzi, à Florence, Italie. (© Laura Lezza/Getty Images)

À voir aussi sur Konbini

À Toruń, en Pologne, une douzaine de Polonais catholiques se sont rassemblés devant le lieu qui accueille la nouvelle rétrospective consacrée à l’artiste Marina Abramović pour prier silencieusement. Ces croyants issus de la droite catholique ont monté de toutes pièces des théories conspirationnistes selon lesquelles l’artiste controversée serait liée au diable et au satanisme.

L’exposition visée par ces nationalistes pieux s’intitule “Marina Abramović. Do czysta/The Cleaner“, et se tient jusqu’au 11 août 2019 au centre d’art contemporain CSW. Un événement qui n’a donc pas été bien reçu par ce public vendredi dernier, et dont le vernissage a été taxé de “vernissage satanique”, comme le rapporte le site Hyperallergic. Lors d’une visite privée, cette remarque de Marina Abramović lui aurait attiré les foudres de la communauté catholique du pays :

“J’ai grandi de manière spirituelle [avec une grand-mère orthodoxe, ndlr]. […] En tant qu’artiste, il est très important pour moi d’aller au plus profond des choses. [“The Cleaner”] est très personnelle, une histoire profonde. Si vous allez au plus profond de vous-même, vous deviendrez le plus universel possible. […] Vous devez sacrifier tout pour être une artiste : famille, tout, tout cela prend toute votre énergie.”

Des affiches pour l’exposition “The Cleaner”, de Marina Abramović, présentée au Palazzo Strozzi à Florence, Italie, le 19 septembre 2018. (© Laura Lezza/Getty Images)

Les insurgés se sont organisés pour leur révolte sur un groupe Facebook intitulé “Zawierzam Maryi” (“Je me confie à Marie”, en français). Alors que le musée n’a pas répondu à leur demande d’annulation de l’exposition, une quarantaine d’opposants a manifesté de manière pacifiste, silencieuse et religieuse.

Parmi cette quarantaine de personnes, une douzaine de croyants mais aussi des danseurs performeurs polonais qui ont pris part à des œuvres artistiques d’Abramović et qui ont protesté contre leurs salaires injustes, en s’alliant à la lutte catholique. En janvier 2019, une centaine de danseurs avaient déjà publié une lettre ouverte pour se plaindre de leurs conditions de travail auprès de l’artiste serbe.

“Est-ce que les curateurs vous ont dit que dans vos reperformances, vous utiliserez les corps de presque esclaves, de gens qui manquent d’argent et qui accepteront toute rémunération qu’on leur offrira, même si c’est humiliant ?”, peut-on lire dans la lettre.

Pour le moment, aucun procès n’est en cours contre l’artiste et l’exposition se prolongera a priori jusqu’à sa fin. Mais il semblerait que le vent tourne pour Marina Abramović.