L’artiste Azra Khamissa fait souffler un vent de modernité sur la tradition du henné

L’artiste Azra Khamissa fait souffler un vent de modernité sur la tradition du henné

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© Azra Khamissa

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Par Pauline Allione

Publié le

Même colorant naturel, même support, mais dans un style minimaliste.

Des ruches, des motifs graphiques ou végétaux, des paysages, des taches de guépard… Avec ses créations minimalistes, Azra Khamissa donne un nouveau souffle à la tradition du henné. Designer et chiropractrice de métier, l’artiste vivant à Dubaï s’est peu à peu éloignée des motifs orientaux du tatouage au henné pour explorer les possibilités offertes par ce colorant naturel, traditionnellement utilisé lors de fêtes religieuses et culturelles au Moyen-Orient, au Maghreb et en Asie du Sud.

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“J’ai simplement commencé à m’amuser avec le henné sur moi-même. Expliquer au henné artiste tous les détails que je voulais était devenu frustrant et vain, alors j’ai peu à peu commencé à apprendre moi-même”, raconte Azra Khamissa. Après avoir peint ses propres mains, la designer est passée à celles des femmes de sa famille, puis à celles d’inconnues.

Henné 2.0

Si elle s’éloigne aujourd’hui des arabesques orientales auxquelles le tatouage au henné est habituellement réservé, l’artiste a d’abord découvert le henné de façon très traditionnelle. “Nous avons toujours eu du henné lors des mariages de famille et pendant l’Aïd, retrace-t-elle. C’était plus une formalité, mais amusante ! Choisir le design à faire était la meilleure partie, mais aussi la plus difficile.”

Passionnée par les formes, les mouvements et les couleurs, la designer s’est progressivement laissé plus de liberté dans ses créations. Outre les motifs purement esthétiques et artistiques, Khamissa s’est également servie de son art de façon engagée pour témoigner son soutien à la Palestine.

Reste qu’avec les anciennes mentalités, bousculer des traditions ancestrales n’est pas toujours vu d’un très bon œil. “Avec la génération la plus ancienne, ça passe ou ça casse. Ma grand-mère est ma critique la plus dure. Quand elle aime un motif, cela compte beaucoup pour moi, elle l’aime tellement qu’elle est généralement satisfaite de tout”, rapporte Azra Khamissa.

Entre modernité et tradition

Pour autant, ses tatouages ne rompent pas totalement avec la tradition puisque le médium – les mains – et la matière première restent les mêmes. “J’adore l’odeur du henné, dans le mien, je mélange de la lavande à de l’eucalyptus, ce sont des rehausseurs de couleur, ça sent tellement bon !”, rapporte l’artiste, également attachée aux vertus thérapeutiques que l’on prête à ce colorant naturel.

Une fois réduites en poudre, les feuilles de henné sont en effet connues pour leurs propriétés antibactériennes, antifongiques et antispasmodiques. Et comme pour les tatouages au henné, les œuvres d’Azra Khamissa ont une durée de vie limitée : elles ne restent sur la peau qu’une dizaine de jours.