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L’artiste qui envoyait des sculptures florales dans la stratosphère

L’artiste qui envoyait des sculptures florales dans la stratosphère

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© Makoto Azuma

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Makoto Azuma emmène la création florale loin. Avec Exobiotanica, il a offert un bouquet à l'espace, de la part de l'humanité.

Vous ne le connaissez peut-être pas, mais vous avez sans doute vu passer ses images impressionnantes il y a quelques années sur l’Internet. Makoto Azuma est un artiste floral japonais dont les prouesses forcent le respect. En effet, il aime que ses fleurs et ses œuvres voyagent par-delà les cieux.

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En juillet 2014, il débute une série intitulée In Bloom – Exobiotanica (réalisée en collaboration avec JP Aerospace), pour laquelle il envoie un bonsaï vieux de 50 ans dans la stratosphère, depuis le désert de Black Rock dans le Nevada.

© Makoto Azuma

La performance est filmée à la GoPro, le bonsaï est attaché à un cadre en fibre de carbone (lui-même accroché à un ballon gonflable), la structure paraît fragile et s’élève pourtant à plus de 30 000 mètres au-dessus des nuages, affrontant vents et atmosphère, jusqu’à voir la surface de la Terre.

Un site Web dédié montre image par image la montée de la sculpture, à mesure que l’on défile la page. Le but de ce projet artistique “Elon-Muskesque” et hors du commun était “d’envoyer des plantes dans l’inconnu” et d’observer leur réaction à la vie extraterrestre, au manque d’oxygène, puisque nous n’avons pas encore connaissance de plantes ou de fleurs vivant librement sur d’autres planètes que la nôtre. 

“Les plantes sur Terre sont enracinées dans le sol, sont régies par les lois de la gravité. Racines, sol et gravité – en abandonnant les liens avec la vie, quelle sorte de ‘beauté’ naîtra ? Dans la dure ‘nature’, à une altitude de 30 000 mètres et – 50 degrés Celsius, les plantes évoluent en exbiota (vie extraterrestre). Un pin face à la ligne de crête de la Terre… Un bouquet de fleurs marchant vers le soleil frappé par le vent intense… Libérées de tout, les plantes se dirigeront vers l’espace”, écrit le critique Satoshi Koganezawa, à propos du projet Exobiotanica dans son ouvrage Flower Art: Makoto Azuma. 

© Makoto Azuma

Une étude de la vie et la mort

En 2017, l’artiste tokyoïte réitère l’expérience avec Exobiotanica II, mais cette fois-ci avec un bouquet composé d’orchidées, de lys et de tournesols, pesant au total (caméra comprise) cinq kilogrammes. La performance se déroule bien et nous permet aujourd’hui d’observer de nouvelles images de fleurs dans notre stratosphère, trois ans après.

Dans son travail, Azuma a toujours exploré, de manière plastique, expérimentale et résolument scientifique, l’état des plantes plongées dans d’autres environnements, questionnant la fine frontière entre la vie et la mort. Il les a gelées dans des blocs de glace, plongées dans les abysses aquatiques du mont Fuji, emmêlées dans toutes sortes de grilles, malmenées dans des lieux arides, suffoquées, décomposées, cultivées…

“Au lieu de chercher une expression artistique, j’apprécie mes rencontres avec les fleurs, je passe du temps en face à face avec elles et j’essaie d’entendre leur voix. […] La force des fleurs dépasse notre imagination”, a-t-il confié. Avec Exobiotanica, l’artiste a voulu offrir un bouquet à l’espace, de la part de l’humanité. 

© Makoto Azuma

L’envoi d’une sculpture florale de Makoto Azuma depuis le désert de Black Rock, dans le Nevada. (© Naoyuki Noda)

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