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Le Frac Nouvelle-Aquitaine vous propose de découvrir sa collection au bout du fil

Le Frac Nouvelle-Aquitaine vous propose de découvrir sa collection au bout du fil

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© Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA

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Par Axel Savoye

Publié le

Un coup de téléphone, et l’art est à portée d’oreille. On a testé l’initiative "Une œuvre au bout du fil".

Découvrir une œuvre d’art contemporaine, mais par téléphone. C’est le concept porté par “Une œuvre au bout du fil“, une initiative du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA qui permet de découvrir les œuvres d’art autrement. Le fonds régional présente désormais sa dernière exposition à travers des rendez-vous téléphoniques de vingt minutes avec un·e médiateur·rice. Pratique, si l’on n’habite pas la région ou si le Frac est porte close pour cause de pandémie de Covid-19.

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On s’est prêté à l’exercice pour découvrir une des œuvres de “Memoria : récits d’une autre Histoire”, une exposition qui regroupe les travaux de quatorze artistes originaires d’Afrique ou afro-descendantes, peu ou beaucoup exposées sur la scène artistique contemporaine. Parmi elles, nous retrouvons notamment Tuli Mekondjo, Selly Raby Kane, Georgina Maxim ou encore Mary Sibande dont une des créations, They Don’t Make Them Like They Used To, a fait l’objet de notre rendez-vous téléphonique.

Mary Sibande, <em>“They Don’t Make Them Like They Used To”</em>, 2019. (© Smac Gallery)

Découvrir une œuvre lors d’une discussion privilégiée

À l’autre bout du fil, une médiatrice nous fait un exposé clair et concis sur la symbolique de l’œuvre, ainsi que sur le travail et la carrière de l’artiste. Dans le cas présent, Mary Sibande, une artiste sud-africaine dont les œuvres s’inspirent du régime de l’apartheid qui a gouverné son pays jusqu’en 1991. They Don’t Make Them Like They Used To représente Sophie, son avatar artistique, qu’elle met en scène dans d’autres œuvres d’une série qu’elle construit depuis dix ans.

Ici, Sophie arbore une tenue de domestique bleu roi et brode les yeux fermés un tricot sur lequel est cousu le symbole de Superman. Mary Sibande rend ici hommage aux femmes de sa famille qui ont été domestiques, l’artiste étant la première des siennes à sortir de cette condition sociale modeste. Par cette association étrange entre la tenue de domestique et la couleur bleu roi associée à la monarchie et à la noblesse, Mary Sibande “anoblit” ces femmes. Sophie est donc l’avatar de Mary Sibande, mais aussi de sa lignée qui a vécu sous le joug des Afrikaners.

L’acte de broder les yeux fermés symbolise quant à lui la réécriture de l’avenir, Sophie se projette dans un avenir où elle et ses descendantes sortiront d’un déterminisme racial et social qui a longtemps eu cours en Afrique du Sud et qui existe encore. Cette notion de devenir actrice de soi et de prise du pouvoir sur son avenir est représentée par le “S” de Superman. D’où le titre de l’œuvre : les travailleuses domestiques, et plus largement les femmes noires, ne sont plus conditionnées comme avant.

Le concept est simple, mais très efficace. En plus de nous faire visiter une exposition autrement, l’opération “Une œuvre au bout du fil” permet de nourrir un échange exceptionnel avec un·e médiateur·rice, qui donne de son temps pour répondre à nos questions et nous montrer l’œuvre sous toutes ses coutures. Pour y participer, il suffit de réserver sa place à l’adresse mail indiquée par le Frac et de donner son numéro de téléphone. Ces rendez-vous sont organisés seulement le mercredi après-midi.

Vous pourrez écouter l’exposition “Memoria : récits d’une autre histoire” via “Une œuvre au bout du fil”, où et quand vous voulez du 9 février au 20 août 2021.