Les militants qui voulaient récupérer une œuvre africaine au Quai Branly vont être jugés

Les militants qui voulaient récupérer une œuvre africaine au Quai Branly vont être jugés

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Par cet acte, les militants dénonçaient le pillage d'œuvres pendant la colonisation, qui sont exposées au Quai Branly.

Vendredi 12 juin, cinq hommes ont arraché de son socle un poteau funéraire au Musée du Quai Branly à Paris pour dénoncer la “dépossession de l’Afrique”. Ce poteau funéraire Bari datant du XIXe siècle (à l’origine inconnue) faisait partie des milliers de pièces pillées dans de nombreux pays africains lors de la colonisation française.

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Le débat se cristallise bien souvent autour de la responsabilité de l’État français (et du Quai Branly) face à la restitution de ces œuvres volées. Certains musées à l’international se remettent d’ores et déjà en question, à l’instar du Royaume-Uni qui a récemment rendu les œuvres pillées en Afghanistan.

Une statue arrachée

Les cinq militants ont été interpellés par la police et une plainte a été déposée par le musée. “Cinq individus ont été interpellés et placés en garde à vue des chefs de tentative de vol en réunion d’un objet mobilier classé”, a indiqué à l’AFP le Parquet de Paris, qui a confié l’enquête au commissariat du 7e arrondissement.

Les cinq hommes se sont filmés longuement après avoir pénétré dans le musée rouvert depuis mardi, selon une vidéo postée en ligne. On y voit l’un des cinq hommes, qui se présente comme un ressortissant de la République démocratique du Congo, desceller le poteau funéraire, aidé par un autre, avant de l’emmener dans les couloirs.

“Nous avons décidé de récupérer ce qui nous appartient”, scande-t-il. “Ces biens nous ont été volés sous la colonisation. On part avec notre bien, on le ramène à la maison”, répète-t-il aux gardiens qui tentent de les retenir. À la fin de la vidéo, la police vient les interpeller.

Un procès à venir

Le ministre de la Culture Franck Riester a condamné dans un communiqué “avec la plus grande fermeté” ces actes “qui portent atteinte au patrimoine”. Il relève que ces hommes “ont formulé des messages à caractère politique et contesté la présence de cette œuvre, et d’autres, dans les collections françaises”.

“Si le débat sur les restitutions d’œuvres issues du continent africain est parfaitement légitime, il ne saurait en aucun cas justifier ce type d’actions. […] L’œuvre ne semble avoir subi aucune dégradation importante et le musée va prendre sans délai toute mesure pour mener à bien les éventuelles restaurations requises”, a indiqué le ministre.

La question des restitutions d’œuvres africaines qui sont arrivées dans les musées publics français pendant la colonisation est particulièrement sensible et controversée. Le Musée du Quai Branly dispose de la principale collection d’arts premiers africains.

Les cinq militants arrêtés seront jugés fin septembre au tribunal de Paris, a-t-on appris auprès du parquet dimanche. À l’issue de leur garde à vue, ces cinq hommes ont été remis en liberté dimanche sous contrôle judiciaire après avoir été présentés au parquet qui a décidé de les faire juger devant le tribunal correctionnel pour “tentative de vol en réunion d’un objet mobilier classé”.

Konbini avec AFP.