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L’œuvre flamboyante et sombre de Francis Bacon revisitée dans une expo au Centre Pompidou

L’œuvre flamboyante et sombre de Francis Bacon revisitée dans une expo au Centre Pompidou

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© Francis Bacon

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Par Lise Lanot

Publié le

"Bacon en toutes lettres" présente une nouvelle lecture de l'œuvre du peintre à travers six salles, six textes et soixante œuvres.

À l’occasion d’une rétrospective organisée en l’honneur du travail de Francis Bacon, le Centre Pompidou a convoqué la “famille spirituelle” du peintre irlandais, soit une réunion d’auteurs ayant influencé et nourri sa vie d’artiste et sa vie d’homme.

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Se concentrant sur ses vingt dernières années de travail, de 1971 jusqu’à sa mort, en 1992, l’exposition “Bacon en toutes lettres” fait dialoguer ses œuvres à des textes de littérature ayant eu une importance particulière pour lui, à des moments différents de sa vie.

“Étude pour portrait (Michel Leiris)”, 1978. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Bertrand Prévost/Dist. RMN-GP)

Les mots d’Eschyle (avec ses Euménides), de Nietzsche (La Vision dionysiaque du monde), de T. S. Eliot (La Terre vaine), de Joseph Conrad (Au Cœur des ténèbres), de Georges Bataille (Chronique. Dictionnaire) et de Michel Leiris (Miroir de la tauromachie) sont chacun lus par différent·e·s comédien·ne·s (Mathieu Amalric, Jean-Marc Barr, Carlo Brandt, Valérie Dreville, Hippolyte Girardot, Dominique Reymond et André Wilms), dont les voix résonnent à l’intérieur de six salles et dans les podcasts du musée, qui guident la visite.

Six auteurs, six textes, six pièces et 60 œuvres – dont 12 triptyques, des portraits et des autoportraits –, issues de collections privées et publiques européennes, états-uniennes et australiennes, peuplent une des vastes galeries de Beaubourg et interrogent la façon dont on peut exposer la littérature et ré-exposer un peintre phare du XXe siècle.

“Triptyque”, 1970, National Gallery of Australia. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019)

Monter ainsi une exposition thématique concentrée sur deux décennies d’une fin de carrière permet d’envisager sous un nouveau jour le travail d’un artiste maintes et maintes fois exposé et discuté.

“La peinture est stylistiquement marquée par sa simplification, par son intensification. Ses couleurs acquièrent une profondeur nouvelle, il use d’un registre chromatique inédit, de jaune, de rose, d’orange saturé”, analyse le Centre Pompidou.

Outre la force de ses représentations du corps, du mouvement et de l’abstraction des expressions humaines, voir en vrai les tableaux de Francis Bacon permet de se rendre compte de la puissance de ses aplats de couleurs et de la grandeur de ses pièces, uniques ou triptyques, qui forcent le public à l’arrêt.

Une plongée novatrice dans l’œuvre d’un maître du XXe siècle

“Œdipe et le Sphinx d’après Ingres”, 1983, collection Berardo, Lisbonne. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo de Prudence Cuming Associates Ltd)

Le temps de l’exposition, on se laisse porter par les formes et les couleurs des tableaux, mettant de côté les scandales de la vie intime de Francis Bacon. Né au début du XXe siècle à Dublin, il commence à peindre vers ses 20 ans. Son œuvre fluctue selon les aléas de sa vie et sous les influences du cinéma surréaliste et d’artistes tels que Diego Vélasquez ou Pablo Picasso.

Après la Seconde Guerre mondiale, il n’hésite pas à continuer de montrer la violence tandis que ses contemporain·e·s tentent de s’en détacher et son tableau Trois études de figures au pied d’une crucifixion choque autant qu’il assure sa célébrité et sa réputation de “sombre chroniqueur de la condition humaine”.

“Triptyque”, 1970, National Gallery of Australia. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo de Hugo Maertens)

Après plusieurs années à peindre ses compagnons de jeu et de boisson, il produit des œuvres toujours plus mélancoliques, voire funèbres, après la mort de son compagnon George Dyer. Proche d’artistes et d’intellectuels tels que Michel Leiris ou Lucian Freud, il marque durablement son époque et celle à venir.

La rétrospective présentée à Beaubourg est la première organisée sur le sol français depuis quinze ans, après des expositions événements organisées à la fin du siècle dernier entre le Tate londonien et le Grand Palais parisien.

“Triptyque”, 1970, National Gallery of Australia. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo de Hugo Maertens)

“Triptyque en mémoire de George Dyer”, 1971. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo de Hugo Maertens)

“Triptyque en mémoire de George Dyer”, 1971. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo de Hugo Maertens)

“Triptyque en mémoire de George Dyer”, 1971. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo de Hugo Maertens)

“Scène de rue (avec une voiture au loin)”, 1984. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo de Prudence Cuming Associates Ltd)

“Dune de sable”, 1983, Fondation Beyeler, Bâle. (© Francis Bacon/Adagp, Paris 2019/Photo de Prudence Cuming Associates Ltd)

“Bacon en toutes lettres” est exposé au Centre Pompidou jusqu’au 20 janvier 2020.