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Fiasco à Londres : la tour Orbit d’Anish Kapoor a récolté 14 millions d’euros… de dettes

Fiasco à Londres : la tour Orbit d’Anish Kapoor a récolté 14 millions d’euros… de dettes

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Par Lise Lanot

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La dette de l'immense structure d'acier rouge, censée rivaliser avec la Tour Eiffel, donne raison à ses détracteurs.

Contrairement à ce que tout enfant de 5 ans pourrait penser, se doter du plus long toboggan du monde n’est pas la réponse à tous les problèmes. Malgré ses 178 mètres de glissade, ses méandres d’acier rouge et son allure dégingandée, la tour Orbit (ou “ArcelorMittal Orbit”) imaginée par l’artiste plasticien Anish Kapoor et l’ingénieur Cecil Balmond enregistre aujourd’hui une dette de près de 13 millions de livres sterling (environ 14,4 millions d’euros). 

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Projet phare de Boris Johnson, maire de Londres lors des préparations aux Jeux olympiques de 2012 et actuel Premier ministre britannique, la tour Orbit domine le Queen Elizabeth Olympic Park depuis sept ans. Imaginée comme “une réponse britannique” à notre célèbre Tour Eiffel, la tour londonienne était devenue le réceptacle de la folie des grandeurs de Boris Johnson et d’Anish Kapoor.

Le premier avait à l’époque déclaré que l’œuvre “aurait époustouflé les Romains. Aurait époustouflé Gustave Eiffel”, tandis que le second affirmait avoir eu l’ambition de créer une sorte de tour de Babel : “Il y a un côté presque médiéval lié à cette idée d’atteindre le ciel, de vouloir construire l’impossible. Une procession en quelque sorte. C’est une longue spirale sinueuse : une folie qui nous pousse à aller au-dessus des nuages, qui a quelque chose de mythique”, rapportait le Guardian il y a bientôt dix ans.

La grandiose sculpture, créée en pleine récession avant les Jeux olympiques de 2012 et destinée à devenir vacataire permanente du paysage londonien, avait bénéficié du support des 9,2 millions de livres sterling (environ 10,3 millions d’euros) du magnat de l’acier Lakshmi Mittal. Huit ans plus tard, Artsy rapporte que ni l’ajout de l’immense toboggan conçu par l’artiste allemand Carsten Höller, ni la plateforme d’observation située à près de 115 mètres de hauteur n’a permis de rendre l’endroit plus attrayant et d’éponger la lourde dette enregistrée à cause de la hausse des intérêts et de la baisse des visites :

“Les prix des tickets […] devaient aider à rembourser le prêt mais la faible fréquentation de la tour a engendré une perte de 58 000 livres sterling (environ 65 000 euros) entre 2018 et 2019. Le nombre de visiteur·se·s a chuté d’un pic de 193 000 en 2016/2017, quand le toboggan de Höller a été ajouté, à 155 000 en 2018/2019.

Un ticket pour un adulte coûte actuellement 17,50 livres sterling (presque 20 euros) pour accéder à la plateforme d’observation et au toboggan, et 12,50 livres sterling (14 euros) simplement pour la plateforme d’observation.”

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Depuis l’annonce de sa construction, la tour Orbit n’a jamais fait l’objet de beaucoup d’affection. Ce désamour, conséquence peut-être de son allure particulière, de ses velléités de grandeur ou du fait que son plus grand fan ait été Boris Johnson, aurait même été partagé par Anish Kapoor – moyennement content de voir un toboggan ajouté à son œuvre.

L’immense dette que connaît la tour, fortement critiquée lors de sa construction, donne raison à ses détracteur·se·s et donne de nouveau matière à penser concernant le sujet de la transformation des villes en vue de Jeux olympiques.