Monica Bellucci incarnera une cruelle galeriste dans un film acide sur l’art contemporain

Monica Bellucci incarnera une cruelle galeriste dans un film acide sur l’art contemporain

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Le prochain film de Kaouther Ben Hania nous plongera dans les vicissitudes du monde de l’art.

C’est une impitoyable galeriste que Monica Bellucci campera dans L’Homme qui avait vendu sa peau, le prochain film de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, à qui nous devons le sublime et déchirant La Belle et la Meute. L’intrigue de cette fiction – dont la sortie est prévue le 16 décembre prochain  – débute en pleine guerre de Syrie puis glissera progressivement vers le milieu de l’art contemporain européen.

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Elle suivra Sam Ali (incarné par Yahya Mahayni), un réfugié syrien débarqué au Liban, qui entreprend un voyage pour retrouver sa dulcinée en Europe. Pour cela, il devra signer un pacte avec le diable : un artiste américain (Koen De Bouw) lui proposera, en échange d’un visa européen, de se tatouer le dos, de lui vendre sa peau et d’en faire une œuvre d’art coûteuse.

Un scénario qui résonne avec la performance de Tim, un homme qui s’assoit six heures par jour depuis 2011, au Museum of New and Old Art de Tasmanie, pour exposer son dos tatoué par l’artiste Wim Delvoye. Son dos et sa peau ont été rachetés comme n’importe quelle autre œuvre d’art par le riche collectionneur allemand Rik Reinking. À sa mort, la peau du performeur lui reviendra. La réalisatrice s’est inspirée directement des Cochons tatoués de Delvoye, et ce dernier s’est vu attribuer un petit rôle dans son film.

“C’est un film où il y a une rencontre singulière entre le monde des réfugiés, ce monde de survie, de recherche de protection, et le monde de l’art contemporain, un monde de création, de luxe, de beaucoup d’argent qui se brasse, un monde hyper élitiste. C’est cette rencontre-là que j’avais envie de raconter”, a expliqué Ben Hania à RFI, en précisant que c’est un film “sur la liberté”, avant de poursuivre.

“Dans le film, mon protagoniste dit assez tôt : ‘J’en ai marre de faire le coq. Je veux être comme ces poussins. Je veux faire partie du système. Acceptez-moi, s’il vous plaît.’ C’est le désir du réfugié, puisqu’il est apatride, en dehors du système. Il veut être accepté, coûte que coûte. Donc, il accepte de se faire tatouer le dos pour se faire accepter par le système. Sauf que c’est un système qui le méprise. Il ne retrouve pas sa vraie liberté. Comment être libre par rapport au système qui nous gouverne tous ?”

Dans un extrait révélé lors de la Mostra de Venise, on voit Soraya Waldy, le personnage de Monica Bellucci, réprimander le jeune Syrien pique-assiette : ce dernier contemple un buffet de viande crue, faisant partie d’une œuvre artistique. Elle lui recommande le caviar, une “tuerie totale”, avant de lui préciser qu’il n’était pas sur sa liste d’invité·e·s et qu’elle lui préparera un doggy bag à récupérer à la fin du vernissage.