Une nouvelle définition du mot “musée” fait polémique

Une nouvelle définition du mot “musée” fait polémique

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Par Pauline Allione

Publié le

Jugée "idéologique", "trop compliquée" et "aberrante", la proposition de nouvelle définition ne fait vraiment pas l'unanimité.

Comment définir un musée ? C’est la question complexe sur laquelle les membres du Conseil international des Musées (ICOM) n’ont pas su se mettre d’accord, le 7 septembre dernier. Réuni à Kyoto au Japon pour leur 25e assemblée générale, le Conseil a décidé de reporter à plus tard le vote sur une redéfinition du mot “musée”. La date n’est pas encore connue, mais cette éventuelle révision continue de diviser au sein du groupe.

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Après un dernier remaniement en 2007, la définition de 1951 avait été posée en ces termes :

“Le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation.”

Une description qui, pour la présidente du Comité permanent de l’ICOM, Jette Sandahl – aussi fondatrice du Musée de la femme du Danemark et directrice du Musée de la culture mondiale en Suède –, n’est pas suffisamment ancrée dans la complexité et les perspectives du XXIe siècle.

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Selon elle, la définition mériterait d’être révisée, pour inclure les notions de “dignité humaine” et de “justice sociale”, comme on peut le voir dans les quelques lignes qu’elle a suggérées, pour remplacer la version actuelle :

“Les musées sont des espaces démocratisants, inclusifs et polyphoniques pour un dialogue critique sur le passé et l’avenir. Reconnaissant et abordant les conflits et les défis du présent, ils conservent des artefacts et des spécimens pour la société, préservent diverses mémoires pour les générations futures et garantissent des droits égaux et un accès égal au patrimoine pour tou·te·s.

Les musées sont à but non lucratif. Ils sont participatifs et transparents et travaillent en partenariat actif avec et pour diverses communautés afin de collecter, préserver, rechercher, interpréter, montrer et améliorer la compréhension du monde, dans le but de contribuer à la dignité humaine et à la justice sociale, à l’égalité mondiale et au bien-être de la planète.”

Une nouvelle définition fortement critiquée

Jugée trop longue et trop politique, la proposition de Jette Sandahl est loin de faire l’unanimité. “Une définition est une phrase simple et précise caractérisant un objet. Il ne s’agit pas d’une définition, mais d’une déclaration de valeurs à la mode, beaucoup trop compliquée et en partie aberrante”, déplore François Mairesse, professeur à l’université Sorbonne Nouvelle Paris 3, dans les lignes de The Art Newspaper.

Juliette Raoul-Duval, présidente du comité français de l’ICOM, dénonçait de son côté un manifeste “idéologique”, tout en regrettant que les antennes nationales n’aient pas été consultées. Sur les réseaux sociaux, certains internautes ont quant à eux souligné le fait que la définition de Sandahl omettait l’objectif éducatif des musées.

Début septembre, le vote opposait ainsi les États favorables à la nouvelle définition (États-Unis, Danemark et Australie) à ses opposants (France, Italie, Espagne, Allemagne, Canada, Iran, Israël, Pérou, Argentine et Brésil). Après quatre heures de délibération, 70,4 % des participants ont finalement préféré reporter le vote à une date ultérieure. À suivre.