On a testé l’accord mets et art d’un dîner signé Thierry Marx

On a testé l’accord mets et art d’un dîner signé Thierry Marx

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© Nina Iseni/Konbini arts

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Par Nina Iseni

Publié le

Une performance artistique et culinaire inspirée des œuvres des quatre lauréats du programme Audi Talents.

Le froid est mordant et la tour Eiffel illumine d’ores et déjà le ciel noir de Paris en cette fin de journée automnale. Le soulagement est grand lorsque l’on pénètre enfin dans l’antre du Palais de Tokyo. Nous y sommes invitées ce soir-là pour vivre une expérience artistique et culinaire hors du commun : un accord mets et art préparé par le chef étoilé Thierry Marx et inspiré de l’exposition collective “Mind Map” regroupant quatre artistes du programme Audi Talents.

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Une exposition collective entre sciences, technologie et design

Depuis 2007, le programme Audi Talents accompagne et met en avant des artistes au travers d’un laboratoire de formes. Cette année, l’exposition collective baptisée “Mind Map” réunit quatre jeunes artistes : Marie-Sarah Adenis, Charlie Aubry et le duo Henri Frachon et Antoine Lecharny. De prime abord, peu de choses semblent lier les lauréat·e·s de cette édition, mais leur point commun réside dans “la recherche de formes rendue possible et visible par des principes sous-jacents”.

L’espace d’exposition s’ouvre sur Marie-Sarah Adenis et sa série d’installations Ce qui tient à un fil. Au travers de sa forêt chromosomique et de son jardin des hélices, Marie-Sarah fait dialoguer les sciences et l’art avec brio. Derrière un rideau de perles, la Fente magique, le public est invité à vivre une expérience en réalité virtuelle les transportant aux origines du vivant.

Marie-Sarah Adenis, Ce qui tient à un fil, exposition “Mind Map” au Palais de Tokyo, 2021. (© Thomas Lannes)

Puis, changement d’ambiance. Nous arrivons au sein de P3.450, le monde ultra-connecté de Charlie Aubry. Accompagné du grésillement des machines et des lampes, l’artiste nous fait vivre une expérience immersive dans laquelle nous sommes filmées et épiées par de nombreuses caméras. Les images récoltées sont ensuite analysées par un système d’intelligence artificielle qui entreprend une réflexion sur la question de la collecte de données.

Charlie Aubry, P3.450, exposition “Mind Map” au Palais de Tokyo, 2021. (© Thomas Lannes)

Après l’ambiance sombre et confinée de P3.450, nous pénétrons ensuite dans une vaste salle illuminée. Nous voici face à la dernière installation, Abstract Design Manifesto, du duo Henri Frachon et Antoine Lecharny. Les deux artistes proposent une réflexion sur les formes au travers d’objets de design abstraits organisés en quatre axes : le trou, le jonc doucine, le triangle et la dissonance.

Henri Frachon et Antoine Lecharny, Abstract design manifesto, exposition “Mind Map” au Palais de Tokyo, 2021. (© Thomas Lannes)

Le dialogue entre le monde artistique et le monde culinaire

Après avoir passé un moment à flâner au sein des différents espaces d’exposition, il est temps de passer au clou du spectacle, un dîner préparé par nul autre que le célèbre chef étoilé Thierry Marx. Pour l’occasion, le chef Marx a imaginé un menu en trois actes inspiré des œuvres des quatre artistes Audi Talents.

Nous débutons donc cette dégustation avec la première création culinaire, la soupe primitive, “un bouillon de courge rôtie émulsionné, lié à une pâte de cacahuète et des graines de vanille”. À l’image des installations de Marie-Sarah Adenis, le plat s’inspire des sciences et de la biologie, avec notamment des pâtes en forme de lettres qui rappellent la structure de l’ADN.

© Nina Iseni/Konbini arts

Puis c’est au tour du deuxième acte. Thierry Marx nous prépare une “sphérification de navet et de coing” inspirée du monde Charlie Aubry. Le plat est par ailleurs servi sur une eau semi-prise de pommes qui donne au mets une texture des plus étonnantes. Ce mets est un concentré d’innovation culinaire qui fait écho à l’installation futuriste et quasi dystopique de P3.450.

© Nina Iseni/Konbini arts

Enfin, place au dessert. Nous dégustons donc ce biscuit amande, accompagné d’un sirop de coriandre et d’un insert yuzu et clémentine confits. À l’instar des œuvres d’Henri Frachon et d’Antoine Lecharny, le chef Thierry Marx a mis l’accent sur l’aspect géométrique du mets qui prend la forme d’une barrette.

© Nina Iseni/Konbini arts

Cet échange entre le monde culinaire et le monde artistique nous rappelle que les deux disciplines sont intimement liées. Au travers d’un travail sur les formes, sur le visuel et sur les textures, le mets devient lui-même une œuvre d’art qui prolonge les installations de “Mind Map”.