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Pour survivre au confinement dû au coronavirus, les musées offrent des visites virtuelles

Pour survivre au confinement dû au coronavirus, les musées offrent des visites virtuelles

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© Stale Grut/Unsplash

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Par Lise Lanot

Publié le

Tour du monde des visites virtuelles proposées par des musées qui imaginent de nouvelles solutions d'accès à l'art.

Alors que l’épidémie de Covid-19 oblige les populations à se confiner chez elles et les lieux publics à fermer, de nombreux musées à travers le monde tablent sur les miracles de l’Internet pour maintenir le lien entre l’art, la culture et les gens.

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C’est en ce sens que de grands noms de la culture proposent des visites en ligne, à réaliser depuis le confort solitaire de son canapé. Après quelques initiatives indépendantes, ce sont plus de 2 000 lieux culturels à travers le monde qui se sont associés à Google Arts & Culture pour permettre des visites virtuelles. 

À Paris

À Paris tout d’abord, le Musée d’Orsay offre une déambulation virtuelle dans ses galeries dédiées au néoclassicisme, au romantisme, à l’impressionnisme, au symbolisme ou encore à la sculpture animalière. Le Louvre a également ouvert ses portes 2.0 tandis que le Château de Versailles propose des solutions pour rendre visite aux esprits de Louis XVI et Marie-Antoinette depuis ses écrans.

Des expositions (dont une visite du Hameau de la Reine) et des expériences de réalité virtuelle sont disponibles en ligne ; tandis que la chaîne YouTube du château (pas de Marie-Antoinette) compte des centaines de vidéos pédagogiques ou ludiques. Pour une pause musicale royale et dorée, vous pouvez également retrouver le projet du compositeur de musique électronique Thylacine, que le château avait invité “à venir enregistrer, en immersion complète dans l’atmosphère sonore de Versailles, les mécanismes d’horlogerie, clavecins, serrures, craquement du parquet”.

En parallèle des grands musées, les galeries ferment également leurs portes. La célèbre galerie Perrotin a fermé ses espaces à Paris, New York, Hong Kong, Shanghai et Séoul. Pour continuer d’abreuver d’œuvres d’art son fidèle public, le centre d’art a annoncé dans un communiqué travailler à l’extension de ses podcasts mettant en relation diverses personnalités du monde de l’art. On y trouve pour le moment les voix du sculpteur Daniel Arsham, qui exposait ses statues dans l’espace parisien, de l’architecte Lina Ghotmeh ou encore de la curatrice Mami Kataoka, afin d’ouvrir l’art aux sens.

Le Jeu de Paume propose également de “rester en contact” en publiant une “newsletter tous les mardis jusqu’à la fin de la période de confinement” ainsi que “des contenus inédits”. On peut d’ores et déjà retrouver une visite virtuelle du “Supermarché des images”, agrémentée des commentaires du commissaire de l’exposition, Peter Szendy, ainsi que des interviews des artistes de l’expo. En deux minutes chrono, ces dernier·ère·s parlent de leur œuvre pour une visite VIP.

À Londres

Outre-Manche, le British Museum de Londres propose de visiter virtuellement sa Grande Cour (autrefois inaccessible au public, qu’elle soit en deux ou en trois dimensions) et de découvrir un des objets phare de sa collection permanente : la pierre de rosette. La National Gallery et le Tate Britain permettent aussi de faire un tour de ses collections. 

“Les Raboteurs de parquet”, Gustave Caillebotte, 1975, collection permanente du musée d’Orsay.

À Berlin

Les amoureux·ses d’histoire peuvent aussi trouver de quoi se rincer l’œil au musée de Pergame, à Berlin, où sont exposées la porte d’Ishtar (une des huit portes de la cité intérieure de Babylone, construite en 580 avant Jésus Christ sur ordre du roi Nabuchodonosor II) ; la porte du marché de Milet (monument romain construit au IIe siècle et détruit par des tremblements de terre vers le Xe siècle) ; et la façade du Palais de Mshatta (un des “châteaux arabes omeyyades” de Syrie et de Jordanie, construit en 744).

Aux Pays-Bas

Le musée amstellodamois dédié à Vincent van Gogh présente les 200 et quelques peintures de l’artiste, les 500 dessins et les 740 lettres qui composent la collection de la maison. À quelques kilomètres de là, le Rijksmuseum propose quant à lui un saut en arrière de quelques siècles : sa visite virtuelle expose ses œuvres emblématiques du siècle d’or hollandais, Vermeer et Rembrandt en tête.

Cet “Autoportrait au chapeau de feutre”, réalisé entre 1887 et 1888, fait partie de la collection permanente du musée Van Gogh. (© Vincent van Gogh/Wikipedia Commons)

Aux États-Unis

L’architecture de certains lieux nous fait saliver de loin. C’est le cas du célèbre escalier en spirale du musée Guggenheim, à New York. Confinement ou pas, Google Street View nous permet de le grimper et d’admirer les travaux qui serpentent le bâtiment de bas en haut, le tout sans craindre les courbatures. L’expérience est loin du réalisme de la réalité virtuelle, mais a le mérite de faire passer de belles choses devant nos yeux.

De son côté, la National Gallery of Art de Washington, le MET et le Smithsonian Museum proposent également des visites virtuelles de ses collections.

À Saint-Pétersbourg

Pour vanter les mérites de son dernier téléphone, Apple a eu la bonne idée de shooter avec un iPhone 11 une publicité sous forme de visite de cinq heures du musée de l’Ermitage russe. La vidéo, censée prouver la haute qualité visuelle du téléphone, est plus agréable et travaillée que les offres de Google Street View.

À Hong Kong

Si les musées ouverts toute l’année souffrent de cette période, les événements culturels ponctuels se voient également dans l’obligation d’annuler complètement des festivals ou foires prévus depuis de longs mois. Pour pallier cette déception, l’édition hongkongaise de la foire d’art contemporain Art Basel (qui devait débuter le 19 mars) a par exemple décidé de rendre visible 2 000 œuvres de 231 galeries qui devaient exposer physiquement, soit 90 % de ce qui devait être visible.

Et à Florence, São Paulo, Séoul, Madrid…

Le musée national d’art contemporain de Séoul, la galerie florentine Uffizi et le musée d’art de São Paulo et le Reina Sofia Museum proposent le même genre d’initiatives, ce qui permet, en même temps que des visites artistiques, une certaine idée d’un tour du monde.

Des soutiens financiers pour aider les institutions

Les fermetures de musée et l’annulation des événements artistiques et culturels engendrent bien sûr des pertes économiques importantes, notamment pour les indépendant·e·s. Dès l’annonce de la fermeture des musées en Allemagne, la ministre de la Culture, Monika Grütters, a assuré qu’elle ne les “laisserait pas tomber”.

“Nous connaissons leurs préoccupations et nous allons tout faire pour s’assurer que les besoins spécifiques du secteur culturel et des créatif·ve·s soient pris en compte, en ce qui concerne les mesures de soutien et l’assistance financière.”

Les initiatives de soutien au secteur artistique viennent également des citoyen·ne·s. À Seattle, l’écrivaine Ijeoma Oluo a mis en place un fonds de soutien financier pour la communauté artistique de la ville, soit tou·te·s les artistes dont les concerts, performances, expositions ont été annulés et qui se retrouvent sans revenus pour les semaines à venir. À date, plus de 130 000 dollars (environ 116 000 euros) ont été collectés.

En plus de l’exposition artistique, la production est également ralentie. Les géants fournisseurs d’appareils photo Canon et Nikon ont fait part de difficultés dues à l’épidémie. Lense rapporte que trois usines Canon ont dû fermer sur l’île japonaise de Kyūshū (à cause d’un manque de pièces venant de fournisseurs chinois), tandis que Nikon a repoussé la sortie de son reflex D6.

Grosses institutions et petit·e·s indépendant·e·s vont bien sûr souffrir de cette période de confinement mais, d’un bout à l’autre de la planète, de nombreux·ses amoureux·ses de l’art essaient d’amoindrir l’onde de choc.