Pourquoi la presse italienne s’est-elle insurgée contre les musées français ?

Pourquoi la presse italienne s’est-elle insurgée contre les musées français ?

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© Grant Faint/The Image Bank/Getty Images

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Une sombre histoire de chiffres romains…

Les foudres de Rome s’abattent sur “Louis 14” : plusieurs quotidiens italiens ont dénoncé, mercredi 17 mars 2021, la décision du musée Carnavalet à Paris de remplacer les chiffres romains par les chiffres arabes afin de faciliter la compréhension des visiteur·se·s.

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“La polémique : Louis XIV deviendra Louis 14”, publie en une Il Messaggero, le journal de la capitale italienne, tandis que le Corriere della Sera, principal quotidien de la péninsule, écrit également en première page un commentaire aussi lapidaire qu’éloquent : “Louis 14”.

Alors que le Louvre a renoncé il y a quelques années à la numérotation romaine pour désigner les siècles, estimant que ses millions de visiteur·se·s, souvent étranger·ère·s, les ignoraient, le musée Carnavalet, consacré à l’histoire de Paris, a supprimé tous les chiffres romains dans la plupart de ses espaces. “Nous ne sommes pas contre les chiffres romains, mais ils peuvent être un obstacle à la compréhension” des œuvres et des expositions, a expliqué Noémie Giard, responsable du musée Carnavalet, citée par Le Figaro.

Massimo Gramellini, écrivain et vice-directeur du Corriere della Sera, fulminait dans l’édition de son quotidien datée du “XVII/III/MMXXI” : “Cette histoire des chiffres romains représente une synthèse parfaite de la catastrophe culturelle en cours : d’abord, on n’enseigne pas les choses, puis on les élimine pour que ceux qui les ignorent ne se sentent pas mal à l’aise”, écrit-il en première page, rappelant que “les obstacles servent à apprendre à sauter”.

Dans les pages du journal, un autre intellectuel, Luciano Canfora, dénonce une “stupidité” participant “d’un fléau plus général, celui du ‘politiquement correct'”. “Il serait souhaitable d’avoir une loi imposant l’analphabétisme obligatoire et le retour à la seule communication orale”, ironise l’écrivain, historien et philologue, qui propose dans un premier temps de supprimer lettres minuscules et majuscules.

Pour le professeur d’histoire romaine Giusto Traina, cité par Il Messaggero, “le vrai problème n’est pas le public”. “Non, le vrai problème ce sont ceux qui décident, les hommes politiques, les dirigeants locaux, ceux qui, d’une certaine manière, pensent ‘on ne mange pas avec la culture'”, dit-il.

Avec AFP.