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Qu’est-ce que le tuftage, cet art anti-stress qui rend tout le monde accro ?

Qu’est-ce que le tuftage, cet art anti-stress qui rend tout le monde accro ?

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© Lillian Ding/AFPTV/AFP

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Ce phénomène est particulièrement apprécié par la jeune population chinoise, en proie au surmenage.

Armée d’une espèce de mitraillette chargée de bobines de fil, Nora Peng façonne un petit tapis en forme… de fesses de chien. Comme elle, un nombre croissant de Chinois·es s’adonnent au tuftage pour évacuer le stress. Le rythme de la vie professionnelle est souvent frénétique en Chine et les jeunes générations sont friandes d’activités artisanales pour leur faire oublier la routine.

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Le tuftage (ou touffetage) est une technique qui consiste à confectionner un tapis ou une moquette en insérant, à l’aide d’une machine, du fil dans un support textile préfabriqué, pour former différents motifs et couleurs. “Cette activité me permet d’évacuer le stress”, déclare à l’AFP Nora Peng, étudiante à l’université, qui dit avoir “le nez dans ses manuels” toute la journée. Chaque week-end, l’atelier iHome, à Pékin, attire des foules d’amateur·rice·s qui passent la journée à tisser leurs tapis.

“Ça demande beaucoup de patience. Mais à partir du moment où tu as compris le truc, ce n’est pas si difficile que ça”, explique à l’AFP Yan Xinyue, une employée d’une entreprise publique venue se relaxer. La plupart des client·e·s confectionnent des tapis à l’effigie de personnages de dessins animés, voire des sacs à main ou encore des tapisseries incrustées de miroirs.

Nora Peng, qui a découvert le tuftage via les réseaux sociaux, a choisi de dessiner les fesses d’un corgi. Cette race de chien aux pattes courtes, chouchou de la reine Élisabeth II, est très populaire en Chine. “Je trouve que c’est mignon et drôle”, explique la jeune femme à propos du motif de son tapis, qu’elle offrira à son chat pour qu’il y fasse ses siestes.

L’influence

La popularité du tuftage en Chine a été catalysée par les influenceur·se·s sur les réseaux sociaux, qui postent de nombreux tutos vidéos à destination de leurs abonné·e·s. Sous pression face à l’augmentation du coût de la vie et des prix de l’immobilier, les jeunes adultes cherchent de nouveaux moyens de se détendre.

“Ils veulent oublier leur travail et se concentrer sur la fabrication d’objets artisanaux”, déclare à l’AFP Xu Shen, le fondateur de l’atelier iHome. Le tuftage amateur a gagné en popularité en Chine il y a quelques mois à peine, souligne-t-il. Mais la demande, exponentielle, l’a poussé à déjà ouvrir neuf boutiques dans la capitale. Pékin accueille désormais plus de 140 endroits de ce type.

Phénomène durable ou effet de mode ? Le défi sera surtout de fidéliser, estime Mao Wei, le propriétaire de l’atelier Horus Club. Beaucoup “viennent par curiosité” et ne deviennent pas forcément des client·e·s régulier·ère·s, note-t-il.

Konbini arts avec AFP