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Des robes faites d’airbags pour protéger les femmes du harcèlement

Des robes faites d’airbags pour protéger les femmes du harcèlement

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© Alicia Framis

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Par Pauline Allione

Publié le

Le mouvement #MeToo a influencé plusieurs artistes à la foire Art Basel 2019.

Dans une lente expansion, les robes se gonflent et occupent l’espace. Exposée à la foire internationale d’art moderne et contemporain Art Basel qui se tenait à Bâle en Suisse du 13 au 16 juin, l’artiste Alicia Framis y a dévoilé des œuvres engagées pour les droits des femmes. Tirant son inspiration du mouvement de libération de la parole #MeToo qui a atteint différentes sphères professionnelles, l’Espagnole a confectionné des robes à partir du tissu qui compose les airbags automobiles. Le but : protéger les femmes du harcèlement sur leur lieu de travail.

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Son installation, intitulée Life Dress, regroupait neuf mannequins habillées de robes blanches. Toutes les pièces avaient été fabriquées dans cette technologie issue du Japon, utilisée pour les airbags, et disposaient de la capacité de se gonfler pour protéger le corps de la femme. À l’image de son utilité sur une voiture, l’airbag intégré aux vêtements devait éviter l’accident en empêchant un contact non désiré.

Interrogée par l’AFP, l’artiste a expliqué que ses robes avaient vocation à “protéger les femmes dans toutes les situations de travail où il y a plusieurs sortes d’abus.” En utilisant “la mode pour manifester contre la violence” faite aux femmes, Alicia Framis propose une solution originale et drôle à une problématique qui, elle, l’est beaucoup moins.

Consciente que le harcèlement au travail est un problème bien réel, elle est allée à la rencontre de plusieurs victimes. Elle s’est ensuite servie de ces témoignages pour s’inspirer dans ses créations et proposer des robes aptes à changer de forme pour protéger celles qui les portent des différentes formes de harcèlement.

L’évolution de #MeToo étalée sur une fresque

Comme Alicia Framis, d’autres artistes exposé·e·s à la 50e édition d’Art Basel ont présenté des œuvres portant les influences du mouvement #MeToo. Plus frontale, l’artiste californienne Andrea Bowers a décidé d’épingler les personnalités publiques accusées de harcèlement ou d’abus sexuels. Sur un fond rouge, elle a étalé des banderoles détaillant chaque cas : une photo de l’accusé, son nom et le poste qu’il occupe, le contexte et la réponse apportée publiquement à ces accusations.

La fresque appelée Open Secrets (traduire : “Secrets ouverts”) prenait des airs de salle des archives et retraçait l’émergence du mouvement #MeToo. Parmi les personnalités affichées, Harvey Weinstein bien évidemment – le producteur, au centre de l’affaire Weinstein, a même eu droit à deux panneaux explicatifs – mais aussi les présidents états-uniens Donald Trump, Bill Clinton, des acteurs, des journalistes, des juges de la Cour Suprême… “J’ai juste senti que le mouvement #MeToo était peut-être l’un des plus importants mouvements féministes de ma vie”, racontait l’artiste à l’AFP.

Féministes et artistes, ces femmes engagées sont malheureusement frappées de plein fouet par le sexisme au sein même de leur activité. Car si l’égalité femmes hommes progresse doucement dans le cinéma, dans le domaine de l’art, les femmes sont encore sous-représentées et la parité loin d’être atteinte, en témoignent les chiffres sortis par Clare McAndrew, auteure d’un rapport sur le marché de l’art publié chaque année après la foire. Comme l’économiste le racontait à l’AFP, “seulement 5 % des œuvres vendues aux enchères l’année dernière étaient signées par des femmes, et plus le prix grimpait, plus la situation empirait” (car comparé à leurs consœurs, les hommes parviennent en moyenne à tirer un meilleur prix de leurs œuvres). Ça donnerait presque envie de sortir son paddle, pour surenchérir en faveur des artistes femmes.