Un site propose de (re)découvrir des artistes “négligées et oubliées” d’Europe de l’Est

Un site propose de (re)découvrir des artistes “négligées et oubliées” d’Europe de l’Est

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© Julie Hrnčířová

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Par Lise Lanot

Publié le

Secondary Archive recense les noms d’artistes femmes originaires d’Europe centrale et de l’Est, des années 1930 à aujourd’hui.

Les chiffres ne trompent pas, les artistes femmes et leurs œuvres sont encore largement sous-représentées dans les musées, galeries et salles de vente occidentales – et cela s’applique à tous les mouvements artistiques. En 2019, une étude commandée par l’université du Vermont portant sur 18 des principaux musées états-uniens montrait que leurs collections présentaient majoritairement des travaux réalisés par des hommes, à 87 % plus exactement, dont 85 % par des personnes blanches.

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La tendance est loin d’être propre au pays de l’Oncle Sam, d’autant que, la mondialisation aidant, certaines régions du monde sont encore plus mises à l’écart. Ce constat, porté par de plus en plus de voix, permet de voir éclore des initiatives mettant en lumière les artistes femmes.

Après Aware, la plateforme répertoriant depuis six ans les “talents victimes de préjugés sexistes” venant du monde entier, “en veillant à élargir ses recherches au-delà du monde occidental, vers l’Amérique latine, l’Afrique et prochainement l’Asie”, la fondation Katarzyna Kozyra a établi une encyclopédie en ligne recensant les artistes “non-occidentales, venant d’Europe centrale et de l’Est”.

La plateforme, nommée Secondary Archive en référence au Deuxième sexe de Simone de Beauvoir et à la place “secondaire” laissée aux femmes dans la société, est intuitive et facile d’utilisation. 250 noms y sont pour le moment répertoriés, attendant que de nouveaux visages les accompagnent bientôt. Les notices des artistes présentent en quelques mots-clés les thématiques principales de leur travail, une courte biographie, quelques images de leurs œuvres, un lien renvoyant vers leur site ainsi qu’un texte explicatif signé des artistes elles-mêmes lorsqu’elles sont encore vivantes.

Afin de faciliter les recherches des internautes (qui ne maîtriseraient pas bien l’histoire de l’art de l’Europe de l’Est, notamment), l’index propose différentes classifications. Il est possible d’effectuer ses recherches par nom, par pays (République tchèque, Hongrie, Pologne ou Slovaquie), par période (les années 1930, 1960 ou 1980) ou par thématique (telle que “1969”, “noir et blanc”, “photographie argentique”, “droits LGBTQ+”, “photo-réalisme”, “sensualité” ou encore “aquarelle”, parmi de nombreuses autres).

L’histoire de l’art pour raconter l’histoire des sociétés

La plateforme souhaite donner un aperçu de l’histoire de l’art et des sociétés de l’Europe de l’Est à travers trois générations d’artistes :

“La première génération soi-disant néo-avant-garde s’est développée sous la période la plus dure du régime communiste et a pris un virage conceptuel. Les artistes de la deuxième génération ont émergé dans les années 1980 et 1990, et ont vu les effets de la chute du communisme tôt dans leur carrière. La troisième génération a grandi dans une période marquée par des changements politiques qui ont donné un nouveau visage à l’Europe d’aujourd’hui”, précise la fondation.

Déjà dense, la plateforme continuera à s’étoffer. Artnet rapporte que des projets sont déjà en cours afin d’ajouter des noms d’artistes originaires de Biélorussie et d’Ukraine ainsi que, plus tard, de Lettonie, d’Estonie et de Lituanie. De quoi découvrir sans arrêt de nouvelles peintres, sculptrices, photographes ou artistes contemporaines, qu’importe sa sensibilité et subjectivité artistiques. 

Vous pouvez retrouver la plateforme Secondary Archive ici.

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