Une œuvre potentiellement polluante a été interdite sous la pression d’une militante

Une œuvre potentiellement polluante a été interdite sous la pression d’une militante

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© Xia Yuan/Getty Images

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Par Lise Lanot

Publié le

La sculpture de fumée de Judy Chicago ne sera pas présentée à Coachella. Une décision qui fait grincer des dents.

Tous les deux ans, la vallée de Coachella accueille, deux mois durant, un grand festival d’art contemporain en plein air, “Desert X“. Depuis sa première édition, en 2017, des artistes des quatre coins du globe viennent exposer leurs œuvres au milieu du désert. Si l’édition 2021 a pu débuter (avec un peu de retard) malgré les restrictions dues à la situation sanitaire, elle a tout de même connu quelques remous.

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A notamment été annulée, un peu plus d’un mois avant sa date d’exposition, une installation signée Judy Chicago. L’artiste féministe à la carrière longue de près de quarante ans, nommée parmi les cent personnes les plus influentes de l’année 2018 par le magazine Time, devait présenter Living Smoke : une sculpture de fumées colorées censées s’élever au sein du “Living Desert“, un espace naturel abritant un zoo et des jardins de préservation de la faune et la flore environnantes. 

Une girafe au sein du zoo “Living Desert”, à Palm Desert. (© Glenn Koenig/Los Angeles Times via Getty Images)

En tête du mouvement contestataire se trouve l’écrivaine spécialisée dans les arts et l’environnement Ann Japenga. Selon cette dernière, les “énormes volumes de fumée colorée” de l’œuvre de Judy Chicago auraient “évidemment un impact terrible et sans précédent pour la nature et les créatures en captivité”.

L’autrice a indiqué à Artnet que “deux éminents biologistes de la faune locale” s’accordaient pour dire que “l’événement pouvait mettre en danger les animaux”. Les déclarations d’Ann Japenga ont convaincu la direction de “Living Desert” d’annuler la tenue de Living Smoke sur leur terrain. 

Une interdiction déplorée par l’artiste

Judy Chicago soutient quant à elle qu’elle a tout mis en œuvre pour s’assurer que l’événement ne dérange ni les animaux ni la flore des environs : elle a éloigné son installation artistique du zoo, elle a choisi un détonateur électronique silencieux pour ne pas effrayer les bêtes et a limité les places du public.

Auprès du New York Timesl’artiste déplorait l’interdiction d’une œuvre qui, selon elle, est dédiée à la préservation de la nature : “L’idée de la sculpture de fumée, c’est que je mélange des couleurs dans l’air et que les couleurs tourbillonnent et se meuvent et disparaissent. Cela permet aux gens de voir la beauté et la fragilité du paysage. Ça leur permet de réfléchir à la façon dont on dégrade l’environnement et comment ils peuvent aider à changer cela.”

Des deux côtés, on dénonce des stratégies politiques. Pour Ann Japenga, le fait qu’il y ait “beaucoup d’argent” en jeu derrière “Desert X” “fait détourner le regard des gens”. En retour, Jenny Gil Schmitz, directrice exécutive de l’événement, affirme que la direction de “Living Desert” s’est retirée du projet sans réelle conviction, simplement “pour éviter de prendre part à une polémique”. En attendant, Living Smoke ne verra effectivement pas la lumière de Coachella, et l’artiste a annoncé dans une vidéo publiée sur son compte Instagram chercher un nouveau lieu pour présenter son installation.