Une statue d’un esclave à genoux face à Lincoln enfin retirée à Boston

Une statue d’un esclave à genoux face à Lincoln enfin retirée à Boston

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© David L. Ryan/Globe Staff Photo/Getty Images

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Par Lise Lanot

Publié le

La ville de Boston s'est déclarée "ravie" de voir la statue déboulonnée.

Une statue de l’ancien président américain Abraham Lincoln et d’un esclave nouvellement libéré, jugée dégradante par plus de 12 000 signataires d’une pétition, a été retirée mardi matin d’un square de Boston par la mairie, ont annoncé les médias locaux. La ville du nord-est des États-Unis avait voté en juin en faveur du retrait de la statue, où Abraham Lincoln (considéré comme étant à l’origine de l’abolition de l’esclavage dans le pays) se tenait debout au-dessus d’un homme noir dénudé et à genoux.

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La ville avait motivé cette décision, jugeant que la statue avait un rôle “dans la perpétuation de préjudices blessants” envers les Afro-Américain·e·s et qu’elle contribuait à sous-estimer leur rôle “dans la lutte pour la liberté de la nation”. Installée depuis 1879 dans un square de la capitale du Massachusetts, la statue était une réplique d’une statue de 1876 érigée à Washington.

© Stuart Cahill/MediaNews Group/Boston Herald/Getty Images

La statue avait été financée grâce aux dons d’un groupe composé majoritairement d’ancien·ne·s esclaves. Le groupe n’avait cependant pas eu son mot à dire sur le dessin de ladite statue, qui avait pour but de commémorer la Proclamation d’émancipation et d’honorer Abraham Lincoln.

Une figure ambiguë

Le seizième président des États-Unis, surnommé “Abe l’Honnête” et “Le Grand émancipateur”, avait fait abolir l’esclavage aux États-Unis par la Proclamation d’émancipation de 1863, au moment où le pays était au cœur d’une guerre civile sanglante entre les États du Nord et les États esclavagistes du Sud.

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Ces surnoms écartent souvent d’autres vérités concernant le chef d’État, à savoir que s’il croyait bien au fait que “tous les hommes sont créés égaux”, il estimait que les personnes noires ne devaient pas profiter des mêmes droits que les personnes blanches mais devaient leur rester “inférieures”. Le placer ainsi en grand sauveur des esclaves noir·e·s est donc équivoque.

Dans la foulée des manifestations contre les inégalités raciales déclenchées par la mort de George Floyd à Minneapolis le 25 mai 2020, plusieurs statues de personnages historiques esclavagistes ou colonisatrices, comme Christophe Colomb, Theodore Roosevelt, ou Robert E. Lee, ont été déboulonnées aux États-Unis, notamment à Boston, Chicago, Richmond, et Washington.

Konbini arts avec AFP.