Notif’ : rencontre avec Élodie Dupuis, talent émergent de la photo

Notif’ : rencontre avec Élodie Dupuis, talent émergent de la photo

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© Elodie Dupuis 

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Par Konbini

Publié le

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Installée à Paris, Élodie Dupuis mène de front projets photographiques professionnels et personnels. Véritable passionnée et touche-à-tout, elle tend à dresser une étude des mœurs contemporaines au cours de ses voyages et de ses rencontres.

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De ses premiers pas derrière l’objectif à son rapport à Instagram, en passant par ses aspirations, la photographe professionnelle a répondu à nos questions.

© Elodie Dupuis

Bonjour Élodie. Tu es une photographe professionnelle indépendante. Quel est ton parcours et comment est venue ta passion pour la photo ?

Élodie Dupuis : Depuis l’enfance, j’ai baigné dans le dessin. J’ai toujours eu une passion pour ça. Après un bac STI en Arts Appliqués, j’ai découvert la photo. À 17 ans, je savais déjà que j’allais être photographe. J’ai aussi eu l’occasion de faire deux belles écoles de photo à Paris, un BTS et les Arts Déco.

J’ai renoué avec le dessin notamment avec la retouche photo. Pendant ce temps, j’ai travaillé comme assistante de photographe de mode, dans des agences de pub et dans plein d’autres domaines encore. J’ai pu alors me frotter à toutes les étapes du travail photographique. À la fin de mon cursus aux Arts Déco, j’ai constitué un dossier qui m’a permis de décrocher mes premiers contrats pros.

Quel était alors ton projet ?

Je voulais faire du portrait mais c’est une image compliquée à vendre… Pendant mon assistanat, j’ai pu exercer dans la photo d’architecture et cela m’a permis d’être multi-casquettes. Je ne me suis plus limitée à une direction. Aujourd’hui, je travaille autant dans les domaines de la mode, du design, du luxe, de la presse… Ce qui m’amène à beaucoup voyager et me permet de développer également mes projets personnels.

Comment définirais-tu ton univers en trois mots ?

Pas facile de trouver les trois mots justes. Pour englober à la fois le travail professionnel et personnel, je dirais : épuré, élégant et surréaliste.

© Elodie Dupuis

Tu jongles entre les projets personnels et professionnels. Qu’est-ce que cela implique en termes d’organisation et d’approche artistique ?

Pour ce qui est des projets professionnels, il s’agit surtout d’anticiper et de rebondir sur les contraintes techniques et les délais courts. Il s’agit alors de s’adapter aux attentes du client. Pour les projets de photos d’architecture, par exemple, je dispose en règle générale de deux heures environ, avant que le bâtiment soit présenté par l’architecte et investi par les clients.

Les prises de vue sont rapides et l’aspect retouche occupe une grande place. Ce qui permet de laisser libre cours à mon côté maniaque (rires). Quand je réalise des portraits, en revanche, ça demande une autre organisation… C’est important pour moi d’alterner professionnel et personnel. L’un nourrit l’autre, d’une certaine manière.

 Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Ma culture photo repose essentiellement sur la photographie américaine des années 1970. Je pense notamment aux pères de la photographie couleur comme Stephen Shore ou Joel Meyerowitz. Il y a quelque chose de très décontextualisé et d’abstrait dans ce mouvement photographique… La musique joue aussi un rôle très fort, à la fois comme inspiration et outil. Elle conditionne mon travail et m’accompagne. Elle me permet, par exemple, de créer une atmosphère musicale pour mettre à l’aise les personnes que je photographie.

Que recherches-tu au travers de ton travail ?

Je cherche à réaliser une étude des mœurs contemporaines. J’aime observer les gens et déceler les petites choses qui transparaissent à travers leur quotidien. J’ai une approche documentaire mais je tiens aussi à dépouiller mes photos pour en dégager une certaine étrangeté ou un certain surréalisme. Je souhaite aussi faire du beau. C’est peut-être un gros mot de le dire mais je trouve que c’est important de produire quelque chose qui est agréable pour les yeux.

© Elodie Dupuis

Quel est ton matériel photo de prédilection ?

Ça dépend surtout de ce que je veux créer. Il y a beaucoup d’options : appareil argentique moyen format, appareil numérique, chambre photographique… Si j’ai, en face de moi, quelqu’un de calme, je vais privilégier la chambre. Dans le cas contraire, ce sera du numérique. Il m’arrive aussi de travailler avec mon smartphone parce que les outils d’aujourd’hui nous le permettent parfaitement.

Qui ou quoi rêverais-tu de photographier ?

E.D : Je ne peux pas vraiment répondre à cette question. Surtout parce que je n’ai plus d’idée préconçue de l’image. 

© Elodie Dupuis

Qu’est-ce qui t’a poussée à publier tes photos sur Instagram ?

C’est un super outil pour se montrer. J’avais déjà un site qui me permettait de montrer mon travail pro mais Instagram m’a permis de mettre en avant mes œuvres plus personnelles. Finalement, aujourd’hui, il est presque plus important d’exister sur Instagram que d’avoir un site.

Mais la plateforme peut facilement nous noyer dans un flux d’images… Quand je me suis lancée en 2016, j’ai voulu faire quelque chose de concis. J’ai choisi une petite sélection d’images représentatives de mon travail et n’ai laissé que le lien de mon site comme description. Ces derniers temps, je n’étais plus active mais en 2020, je projette de faire évoluer mon compte vers quelque chose de plus dynamique. Je collabore notamment avec une graphiste pour repenser ma grille de publications.

Quels sont les comptes que tu suis régulièrement en ce moment ? 

J’adore le compte de Jack Davison. C’est un photographe de mode qui a un compte très libre et très vivant. Il y aussi Coco Capitan qui a été à l’honneur d’une exposition à la Maison européenne de la photographie en mai 2019. C’est une artiste qui joue sur les écritures et les typographies ; ses textes dialoguent avec ses photos. Je pense également à Jamie Hawkesworth qui partage à la fois son quotidien, ses inspirations et ses œuvres. Il y a beaucoup de vie dans ce qu’il publie.

Aurais-tu des conseils à donner à de jeunes talents qui souhaiteraient se lancer à leur tour ?

J’en ai beaucoup (rires). Je dirais surtout qu’il y a mille façons d’envisager la photo. Le choix de l’image ou le choix de l’univers va donc conditionner ton existence et ton style de vie. Il faut donc être honnête avec soi-même, savoir ce que tu veux et ce tu ne veux pas, ce que tu veux donner ou concéder, connaître tes atouts et tes limites, te demander quel style de vie tu souhaiterais mener… Et déterminer ton réseau aussi.

Il faut également faire preuve de bon sens et prendre le temps de réfléchir. Si tu es quelqu’un d’anxieux, je ne te conseille pas d’être freelance, par exemple. Si tu n’aimes pas les rencontres, tu devrais peut-être te diriger vers la nature morte ou le paysage…