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5 maisons méconnues d’artistes à visiter en France cet été

5 maisons méconnues d’artistes à visiter en France cet été

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© Château Rosa Bonheur

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Par Lise Lanot

Publié le

Rosa Bonheur, Paul Cézanne, Joséphine Baker, Auguste Renoir, Gustave Moreau... Quand l'âme des artistes survit dans la pierre.

Le soleil brille, les musées rouvrent : voici l’occasion de (re)découvrir nombre de lieux artistiques, souvent méconnus, du nord au sud de la France. Nous avons sélectionné cinq maisons d’artistes devenues musées ou lieux de pèlerinage, à visiter par amour des personnalités célébrées ou pour la joie d’explorer des joyaux architecturaux.

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Si la France regorge de lieux mémoriels en l’honneur de ses talentueux artistes (notamment du XIX et XXe siècles), on peut toutefois regretter le manque d’espaces créés en l’honneur de femmes artistes, pourtant nombreuses, elles aussi.

La modernité de Rosa Bonheur mise en lumière à Thomery

© Château Rosa Bonheur

En 1859, Rosa Bonheur acquiert le château de By (devenu château de Rosa Bonheur) à Thomery, en Seine-et-Marne. Elle devient ainsi “la première femme à acheter, à son nom, un bien immobilier grâce au seul fruit de son travail” (à la suite de la vente de son tableau Le Marché aux chevaux). Elle y a passé les quarante dernières années de sa vie, jusqu’à sa mort, le 25 mai 1899.

Depuis cette date, affirme la nouvelle propriétaire des lieux, le temps s’est arrêté dans son atelier laissé en l’état :

“Tout est là… Sa blouse brodée, son chapeau, ses bottines, ses palettes, ses pinceaux, ses couleurs, ses carnets de croquis ou ses notes, jusqu’à ses mégots de cigarettes. Les effluves de térébenthine se mêlent au parfum de violette de l’artiste… Nul besoin de reconstitution, il suffit simplement de se laisser porter.”

Le somptueux château est devenu un musée à la mémoire d’une artiste peintre oubliée et à l’histoire pourtant résolument moderne. Le musée rappelle qu’elle a pu vivre de son art dès ses 14 ans, qu’elle “est la première femme artiste à recevoir la Légion d’honneur de la main de l’impératrice Eugénie” et qu’elle “s’est battue tout au long de sa vie pour ‘élever la femme’ et montrer que ‘le génie n’avait pas de sexe'”. En plus des émouvantes visites guidées proposées par la propriétaire, le château abrite un salon de thé (qui sert des recettes inspirées de la cuisinière de Rosa Bonheur, Céline) et des chambres d’hôtes.

© Château de Rosa Bonheur

Cézanne et Aix-en-Provence, un amour réciproque

Aix-en-Provence est parsemé d’hommages à Paul Cézanne, de la même façon que l’œuvre du peintre est un hommage à cette ville du Sud de la France. La montagne Sainte-Victoire, qui sublime les environs, est en particulier la reine de son œuvre. Témoin de son enfance, puis “obsession de sa vie d’artiste”, elle est inlassablement reproduite dans ses toiles (au moins 44 huiles et 43 aquarelles) réalisées depuis son atelier, situé sur la colline des Lauves.

Ouvert au public, il présente les outils du peintre et son mobilier. Tout près, la ville a aménagé le “terrain des peintres” : face à la Sainte-Victoire, neuf reproductions de ses toiles sont installées en plein air et “invitent à la contemplation”. En plus de l’atelier, la ville d’Aix-en-Provence présente au public la propriété familiale des Cézanne, la bastide du Jas de Bouffan, où le jeune Paul réalisa ses premières compositions.

© Sophie Spiteri/Office de tourisme Aix-en-Provence

Dernier et non moins important lieu de la liste, les carrières de Bibémus sont à un jet de pierre des deux étapes précédentes. C’est dans cette ancienne carrière de pierres abandonnée que Cézanne réalise “des œuvres de renommée mondiale” entre 1885 et 1904. Des parcours aménagés permettent de parcourir “les motifs peints par Cézanne, ses fameux rochers rouges, la géologie du plateau et l’exploitation des carrières”.

Les carrières de Bibémus. (© Sophie Spiteri/Office de tourisme Aix-en-Provence)

En Dordogne, une ode à la personnalité flamboyante de Joséphine Baker

En 1947, Joséphine Baker et son quatrième époux, Jo Bouillon, achètent le château des Milandes, en Dordogne, que l’artiste franco-américaine occupait déjà en location. Jusqu’en 1968, lorsqu’elle s’en fait expulser, Joséphine Baker fera de l’immense espace un lieu de fêtes hors du monde, rempli de ses nombreux animaux et de sa famille : son frère, sa sœur, sa mère et bien sûr, ses douze enfants adoptés, de nationalités et religions différentes, composant sa “tribu arc-en-ciel”.

Depuis 2001, lorsque ses parents ont racheté le château, la conservatrice des lieux Angélique de Saint-Exupéry s’évertue à convoquer l’âme de Joséphine Baker, transformant le château en un musée à sa gloire. Télérama précise qu’elle a “remeublé les quatorze pièces” du château, “vidé intégralement en 1968”. Je me rends aux ventes la concernant, notamment à Drouot : tout cela nous coûte beaucoup, mais c’est pour nous une véritable passion”, confie la gestionnaire.

L’esprit de Joséphine Baker est bien présent entre les murs du château. Outre les photographies d’elle, les coupures de journaux à sa gloire et l’exposition de ses robes et costumes, une statue de cire à son effigie guide le public en direction de la salle de réception du château. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, l’impressionnante salle de bains Art déco dorée et noire est malheureusement désormais interdite d’accès. À cause des vols incessants de petits carreaux en verre de Murano”, la propriétaire actuelle des lieux ne laisse le public admirer la pièce que depuis le pas de la porte.

Le musée est une ode à Joséphine Baker, artiste et militante, elle qui fut particulièrement active dans la Résistance et luttait pour l’égalité et contre le racisme, la ségrégation et la discrimination – rappelons qu’elle fut la seule femme noire à parler aux côtés de Martin Luther King Jr. lors de sa marche sur Washington pour l’emploi et la liberté.

© Château des Milandes

La maison et le parc dont Renoir tomba amoureux à Cagnes-sur-Mer

À 66 ans, Auguste Renoir achète la “villa Colette” à Cagnes-sur-Mer. On raconte que le peintre aurait eu un coup de cœur pour les nombreux oliviers centenaires du parc entourant la bâtisse. Plus d’un siècle plus tard, la villa est devenue un musée en l’honneur du peintre et l’oliveraie continue de séduire le public.

Les toiles sont peu nombreuses. L’endroit est un lieu de pèlerinage au sein duquel on peut s’aventurer sur trois niveaux, au milieu des sculptures, du mobilier et de l’atelier reconstitué du peintre. En plus de la villa, c’est évidemment la vue, qui s’étend sur tout Cagnes-sur-Mer, qui est à apprécier, en s’imaginant dans le regard d’un des plus célèbres impressionnistes français.

© Musée Renoir/Mairie de Cagnes-sur-Mer

À Paris, le Musée Gustave Moreau comme un témoignage de la vie d’artiste

L’escalier en spirale, signé Albert Lafon. (© RMN-GP/Franck Raux)

Au cœur de Paris, dans le 9e arrondissement, le Musée Gustave Moreau abrite un trésor : 850 peintures, plus de 13 000 dessins, quinze sculptures en cire et un superbe escalier en spirale signé de l’architecte Albert Lafon. En plus des œuvres de ce maître du symbolisme, on retrouve accrochées au fil des pièces certaines toiles offertes par ses amis, Théodore Chassériau, Eugène Fromentin ou Edgar Degas.

La maison-atelier de Gustave Moreau est un testament de sa vie et de son œuvre. C’est d’ailleurs en ce sens qu’avant sa mort, en 1898, il la lègue à l’État :

“Je lègue ma maison sise 14, rue de La Rochefoucauld, avec tout ce qu’elle contient : peintures, dessins, cartons, etc., travail de cinquante années, comme aussi ce que renferment dans ladite maison, les anciens appartements occupés jadis par mon père et ma mère, à l’État, […] à cette condition expresse de garder toujours – ce serait mon vœu le plus cher – ou au moins aussi longtemps que possible, cette collection, en lui conservant son caractère d’ensemble qui permette toujours de constater la somme de travail et d’efforts de l’artiste pendant sa vie.”

Dès 1903, cinq ans après sa mort, le musée ouvre ses portes. Il ne les a jamais refermées depuis et les étages de l’imposante bâtisse continuent de voir affluer le public.

© Musée Gustave Moreau/Sylvain Sonnet