À Prague, une reproduction d’œuvre d’art ratée provoque de vives réactions

À Prague, une reproduction d’œuvre d’art ratée provoque de vives réactions

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© Grant Faint/The Image Bank/Getty Images

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Par Eve Chenu

Publié le

En modifiant l’apparence des personnages jusqu’à leur donner les traits de ses potes, un artiste fait grincer les dents des habitants de la capitale tchèque.

Chargé d’orner l’horloge astronomique de Prague d’une reproduction de l’œuvre originale de Josef Mánes, située sur sa façade, l’artiste Stanislav Jirčík l’aurait librement revisitée pour la doter de portraits… de ses ami·e·s. Vieille de 600 ans, cette horloge attire chaque année des touristes venu·e·s admirer ses douze apôtres en mouvement, mis en scène par Mánes.

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Après une rénovation de 2,1 millions de couronnes tchèques, le lieu a finalement rouvert au public en 2018, affichant fièrement sa nouvelle pièce maîtresse réinterprétée par Jirčík : une reproduction du fameux calendrier de Mánes, dont la version originale, datant du XIXe siècle, figure désormais dans le musée de la ville.

Ornant l’astrolabe de l’horloge, cette peinture représente les mois de l’année à travers les signes astrologiques. Pourtant, il semblerait que Stanislav Jirčík ait pris certaines libertés avec l’œuvre originale, rapporte The Guardian. Un membre du Club pour le vieux Prague a en effet déposé plainte auprès du ministère de la Culture, dénonçant de nombreux changements.

L’artiste aurait notamment modifié l’apparence, l’âge, la couleur de peau, et même le genre de plusieurs personnages. Une jeune fille aux cheveux roux, censée représenter le signe de la Balance, est ainsi remplacée par une femme aux cheveux blonds portant une boucle d’oreille. Une femme Verseau souriante prend, elle, les traits d’un homme au visage fermé. Certains sujets ressembleraient également à des ami·e·s de l’artiste, comme Katerina Tučková, célèbre romancière tchèque.

Selon plusieurs expert·e·s, les différences avec la peinture de Mánes sont si nombreuses qu’elles ne peuvent être qu’intentionnelles. Les enquêtes préliminaires ont démontré que la peinture était “banale et réalisée par un amateur”, explique Adam Scheinherr, adjoint au maire chargé du patrimoine.

Avant de commander une œuvre de remplacement, Scheinherr souhaite s’entretenir avec l’artiste : “Je veux avoir une discussion sérieuse avec lui et lui poser des questions sur la qualité de la peinture, quelle était son inspiration, a-t-il étudié Josef Mánes.” De son côté, Stanislav Jirčík se mure dans le silence.