À travers ses peintures, un ancien SDF raconte la vie dans la rue et ses addictions

À travers ses peintures, un ancien SDF raconte la vie dans la rue et ses addictions

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© Lucas Joel Macauley

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Par Lise Lanot

Publié le

"L’art a été pour moi un exutoire et un gilet de sauvetage qui m’a accompagné tout le long de ma vie."

Bien avant de se retrouver à la rue, l’art était au centre de la vie de Lucas Joel Macauley, puisqu’il travaillait en tant que tatoueur. Passé par les noirceurs des nuits passées dans la rue et de l’addiction aux drogues et à l’alcool, c’est l’art qui l’a sorti de ses travers. Aujourd’hui, il raconte grâce à ses peintures “l’itinérance, l’addiction, la santé mentale” : “L’art a été pour moi un exutoire et un gilet de sauvetage qui m’a accompagné tout le long de ma vie”, témoigne-t-il sur son site.

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C’est en 2011 que tout s’en va à vau-l’eau pour le jeune Canadien. Après un accident de moto, des prescriptions de morphine le font sombrer dans l’addiction aux opiacés, relate My Modern Met. “Couplée aux pressions liées au succès de sa carrière et des problèmes de santé mentale jamais vraiment traités, le tout s’est télescopé pour créer une explosion toxique.”

© Lucas Joel Macauley

Commence alors la longue liste des “pertes” de Lucas Joel Macauley. Des pertes matérielles d’abord (“Je me souviens avoir vendu une voiture un soir et me rendre compte ensuite que je n’avais plus d’endroit où dormir”), suivies des pertes humaines, des proches qui se font de plus en plus rares.

Pendant toute cette période passée dans la rue, puis durant les deux mois et demi passés en cure de désintoxication, il peint des dizaines et des dizaines de toiles qui servent de déversoir pour lui et ont pour vocation d’ouvrir les yeux des autres.

“Pourquoi personne ne me voit ?”

Ses œuvres sont émaillées de morceaux de phrases, pour la plupart lus et entendus lorsqu’il était dans la rue. Proférées par des personnages aux visages souriants, ces phrases entourent et assiègent ses protagonistes laissés-pour-compte, souvent auréolés ou couronnés. On lit ainsi : “On devrait appeler la police”, “Tu vois pourquoi les drogues, c’est mal”, “Ils doivent vraiment aimer être à la rue, ces déchets”.

© Lucas Joel Macauley

Sur ces mêmes œuvres très colorées, Lucas Joel Macauley inscrit certaines pensées qui l’animaient : “Pourquoi personne ne me voit ?”, “Je ne suis pas criminel, fainéant, accro, je suis juste seul”. La solitude des protagonistes est tangible, malgré des scènes saturées de détails. De petits personnages rouges symbolisent d’ailleurs les démons qui habitaient l’artiste.

Une pratique thérapeutique

Lucas Joel Macauley affirme que son travail reflète son expérience : “Je donne un accès direct à mon esprit, mon passé, mes souvenirs et mes douleurs.” Pour lui, peindre est “thérapeutique et plus encore” :

“Quand je peins, je m’effondre parfois, sans même parler. Je suis seul avec mes souvenirs et tandis que je décharge tout sur la toile, je vois le chemin parcouru depuis mes nuits passées dans la rue.

Même à cette époque, je trouvais de la peinture dans des poubelles près de chantiers, des vieux morceaux de carton aussi et je peignais pour me soulager. Quand j’étais à la rue et addict, je sentais une solitude consumer mon être entier. La toile devenait mon amie, ma psychologue, mon prêtre et parfois, absolvait mes péchés quand personne d’autre n’était présent.”

Désormais sorti de la rue et débarrassé de ses addictions, il continue de peindre et de s’offrir une “catharsis” grâce à l’art. Cela afin de ne pas oublier et de rappeler à celles et ceux qui ne veulent pas voir les difficultés vécues par un nombre croissant de personnes sans domicile fixe.

© Lucas Joel Macauley

Vous pouvez retrouver le travail de Lucas Joel Macauley sur son site et sur son compte Instagram.