En couverture, Vanity Fair rend hommage à Breonna Taylor avec une œuvre poignante

En couverture, Vanity Fair rend hommage à Breonna Taylor avec une œuvre poignante

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© Amy Sherald/Vanity Fair

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Par Lise Lanot

Publié le

Amy Sherald, autrice du portrait officiel de Michelle Obama, est à l'origine de cette toile engagée.

Début août, Oprah Winfrey décidait pour la première fois en vingt ans de ne pas se montrer en une de son magazine O. Elle y faisait figurer le visage de Breonna Taylor. Cet acte politique enjoignait le lectorat à prendre action, afin que justice soit enfin rendue à la mémoire de cette jeune infirmière noire tuée par des policiers blancs – ceux-ci n’ont toujours pas été inquiétés, malgré l’émoi collectif et les nombreux rassemblements Black Lives Matter.

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Les faits datent pourtant de plus de cinq mois : le 13 mars 2020, Breonna Taylor, 26 ans, mourait des balles tirées à l’aveugle par des policiers à la recherche d’un suspect qui n’habitait plus dans l’immeuble et qui avait été arrêté plusieurs heures auparavant.

La une d’O, créée par l’artiste Alexis Franklin, avait été qualifiée d’“historique” par le Washington PostLe choix d’Oprah Winfrey semble avoir redonné du souffle à l’intérêt médiatique concernant ce meurtre, puisque c’est désormais au tour du célèbre Vanity Fair de mettre en couverture Breonna Taylor.

© Amy Sherald/”Vanity Fair”

Pour son prestigieux numéro de septembre, le magazine américain s’est offert les talents d’Amy Sherald. L’artiste, originaire de Baltimore, est particulièrement célèbre pour ses toiles de personnes noires, en pied, et son portrait officiel de Michelle Obama, désormais exposé au Smithsonian.

Habituée à peindre des gens qui posent pour elle, Amy Sherald rapporte avoir été confrontée à un “défi”, technique bien sûr, mais surtout émotionnel. La peintre a raconté à Vanity Fair que cette œuvre était une façon pour elle de contribuer à l’actualité et à l’activisme : “Produire cette image donne vie à Breonna pour toujours.”

Une œuvre symbolique

Amy Sherald rapporte également sa volonté d’avoir créé une œuvre “pour la famille de Breonna”. Elle a ainsi intégré nombre de symboles à la vie de Breonna Taylor, mais aussi à son futur : la “bague de fiançailles qu’elle ne portera jamais”, mais que son compagnon voulait lui offrir ; la croix autour de son cou ; les tons bleus du fond et de sa robe (dont l’aspect monochromatique “permet de se concentrer sur son visage”), en écho à la pierre de naissance de l’infirmière, l’aigue-marine. Chaque détail a été pensé pour donner de la force au combat pour l’égalité raciale :

“Elle vous voit en train de la regarder. La main sur sa hanche n’est pas passive, son regard n’est pas passif. Elle a l’air forte ! Je voulais que cette image soit une source d’inspiration pour qu’on continue de se battre pour elle et pour la justice. Quand je regarde sa robe, ça me fait penser à Lady Justice.”

De nombreuses réactions

À peine annoncée, la couverture a suscité de nombreuses réactions. Bien que la plupart soient admiratives, certaines soulignent la “marchandisation” de l’image de Breonna Taylor, arguant qu’il serait temps “d’aimer les femmes noires de leur vivant et pas seulement après leur mort” et espérant que la famille de la jeune femme accepte l’utilisation de son image.

Ce dernier point ne semble pas être un problème, puisque le dossier consacré à Breonna Taylor, écrit par le journaliste Ta-Nehisi Coates, est centré autour de Tamika Palmer : “Tamika Palmer est la mère de Breonna Taylor. Ce qui suit est sa tentative d’illuminer la vie qui a été enlevée. De se confronter à la nature d’inconnus. De remplir les blancs”, écrit le journaliste en préambule de l’article.

Cette couverture engagée à propos des violences policières et des inégalités raciales a été dévoilée, alors qu’éclatait une nouvelle affaire de violences perpétrées par des officiers blancs à l’encontre d’une personne noire. Dimanche dernier, Jacob Blake, père de famille afro-américain, se faisait tirer dans le dos à sept reprises par la police. L’homme se trouve “dans un état grave”.