J’ai essayé de trouver l’amour… en dessinant

J’ai essayé de trouver l’amour… en dessinant

Image :

© Monet

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Par Pauline Ferrari

Publié le

On a testé l’application de rencontres Monet, où l’on doit dessiner pour pécho.

Dans l’univers impitoyable des applications de rencontres, tout le monde peut trouver son bonheur : les amateur·rice·s de musique, de barbe soigneusement taillée, même les personnes qui souhaitent se réunir autour d’une haine commune. Après une année passée entre quatre murs, les applications de dating plus ou moins insolites ont fait le plein de nouvelles inscriptions.

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Face à la “dating app fatigue”, soit la fatigue des applications de rencontres traditionnelles – comme Tinder, basé sur une hyperconsommation de profils –, certaines applications ont décidé de se démarquer, à l’image de Monet. Le slogan de Monet est simple : dessine et fais des rencontres, amicales ou amoureuses. L’application disponible sur iOS (bientôt sur Android) a été lancée en octobre 2020 par Joanna et Jonathan, deux étudiant·e·s de l’université de Pennsylvanie.

Dans une interview, le duo déclarait qu’il était “très difficile d’apprendre à connaître quelqu’un dans ce contexte d’applications de rencontres”. Ainsi, sur Monet, plutôt que de liker des photos de profil qui se perdent à jamais dans le néant de l’algorithme, on envoie un dessin à la personne qu’on souhaite séduire.

Sur une interface hyper colorée, on crée son profil en cinq minutes, avec quelques photos, une localisation, une description. Signe que l’application a été pensée par des vingtenaires : la multiplicité de choix d’orientations sexuelles et d’identités de genre, habituellement assez limités. Chaque profil fonctionne comme une carte : au recto, votre profil, au verso, ce que vous souhaitez que les utilisateur·rice·s dessinent pour vous séduire. Pour la blague, j’ai noté la célèbre phrase de Titanic : “Dessine-moi comme l’une de tes Françaises.”

Dessinez, c’est matché !

Comme l’application propose également de se faire des ami·e·s, j’ai élargi mes recherches à toutes les personnes présentes, peu importe leur âge, leur localisation, leur genre ou leur orientation sexuelle. Problème : Monet est (encore ?) peu connue en dehors de l’Amérique du Nord et cible un public en dessous de la trentaine. De fait, les profils qui me sont proposés sont souvent des hommes et femmes de 18 à 20 ans, localisé·e·s aux États-Unis ou au Canada.

Tout le principe réside dans l’envoi du premier dessin, sorte de première phrase d’accroche fatidique pour pouvoir matcher avec quelqu’un. Second problème majeur : je suis vraiment nulle en dessin. Si cette incompétence manuelle a fait de moi une très bonne joueuse de Gartic Phone, dans le contexte de Monet, je patauge. L’application propose des options de dessins minimalistes : sept couleurs simples, un trait plus ou moins épais et une option pour revenir en arrière.

Malgré mes qualités artistiques inexistantes, j’envoie plusieurs dessins à la volée en respectant les demandes des profils : deux fraises se tenant la main, un petit frigo avec des bras, un dessin représentant ce que j’ai vu dans la journée… En quelques jours d’utilisation, je récolte quelques matches – que je soupçonne d’être liés à un sentiment de pitié, mes dessins ressemblant à l’œuvre d’un élève de maternelle sur Paint.

L’art et la manière

Les conversations s’épuisent vite, à part avec une Mexicaine exilée à Rotterdam, qui me dit “tuer le temps” sur l’appli depuis qu’elle est à 100 % en télétravail. La plupart de mes matches sont loin, ne répondent pas, nous n’avons pas grand-chose à nous dire une fois deux dessins échangés…

Puis je reçois une image blanche envoyée par un certain Jason. Par curiosité, je discute un peu avec Jason, qui m’explique qu’il débarque sur l’appli et que, si je veux bien, il aimerait me dessiner. Il affirme être en école d’art, vouloir s’entraîner et me “faire sourire”.

J’accepte et, le lendemain, je reçois un long mail très romantique, où Jason me raconte sa vie et à quel point il souhaite apprendre à me connaître. Mon cœur s’emballe. Le tout accompagné du “dessin” : Jason avait passé ma photo à la moulinette d’un filtre “sketch”, qui transforme une photo en un semblant de dessin crayonné. Moi qui m’attendais à du grand art, me voilà un peu déçue.

Verdict

Si je n’ai pas réussi à trouver l’amour (ou le meilleur pote) de ma vie sur Monet, l’application reste bon enfant et assez différente de Tinder et consorts : le dessin aide à démarrer une conversation, sans passer par l’enfer de la recherche d’une phrase d’accroche. Une complicité est vite instaurée avec la personne, ce qui est toujours utile pour nouer des liens.

On peut observer les œuvres des autres, discuter avec une communauté sur Discord, échanger des recommandations culturelles… De quoi, peut-être, guérir la fatigue inhérente au dating en ces temps de pandémie. Espérons juste que l’application se fera une place en Europe.