La sombre histoire de ces toiles de Soulages volées pendant le sommeil de la propriétaire

La sombre histoire de ces toiles de Soulages volées pendant le sommeil de la propriétaire

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© Gabriel Bouys/AFP

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Retour sur les faits de cette sombre affaire qui se sont produits en juillet 2020, à Paris, et dont les condamnations viennent de tomber.

Des peines d’un à six ans de prison avaient été requises au tribunal correctionnel de Paris contre sept prévenu·e·s suspecté·e·s d’avoir participé au vol de huit tableaux, dont deux Soulages, pendant le sommeil d’une septuagénaire à Paris en 2020.

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Le 5 juillet, ces sept personnes ont été condamnées à des peines allant du sursis à quatre ans et demi de prison, pour avoir participé au vol ou au recel de ces œuvres. La plus lourde peine a été prononcée à l’encontre de Tarik H., 35 ans, déclaré coupable de vol aggravé et d’association de malfaiteurs. Déjà condamné à 22 reprises, il était absent au tribunal : un mandat d’arrêt a été délivré contre lui.

Le tribunal a prononcé des peines plus clémentes que les réquisitions du parquet qui avait demandé lors du procès, mi-juin, des peines d’un à six ans de prison. Le second prévenu déclaré coupable de vol, âgé de 27 ans, s’est vu infliger 20 mois d’emprisonnement avec un maintien en détention.

La mère de Tarik H., 74 ans, elle aussi poursuivie, a été condamnée pour recel aggravé, avec 18 mois d’emprisonnement dont 12 ferme, à purger sous bracelet électronique (après révocation d’une peine de sursis prononcée en 2019). L’ancienne avocate de Tarik H. a été condamnée à cinq mois de prison avec sursis pour recel après avoir accepté un des tableaux comme cadeau.

Trois jeunes hommes se sont enfin vu infliger, pour association de malfaiteurs ou recel, de trois à six mois ferme sous bracelet électronique. Tous devront payer solidairement environ 8 800 euros à la victime, au titre des préjudices matériel et moral ainsi que 4 500 euros de frais de justice.

Retour sur les faits de cette sombre affaire

En juillet 2020, dans le Ve arrondissement, Tarik H. et plusieurs de ses complices ont pénétré par une fenêtre ouverte dans la chambre de la victime de 75 ans alors endormie. Bien renseignée par le “marchand d’une grande galerie d’art” et de nombreux repérages, l’équipe a emporté huit tableaux, des bijoux et un buste du mari défunt de la victime, pour une valeur totale estimée à deux millions d’euros.

Parmi les œuvres ciblées, celles de Pierre Soulages, dont l’atelier se situe dans le même immeuble, André Lanskoy, Gerhard Richter, Hans Hartung ou encore Jean Fautrier. Interpellé·e·s grâce aux caméras de surveillance de la ville de Paris, aux témoignages du voisinage et à une photo prise par l’un des résident·e·s, les comparses ont cédé sous la pression des gardes à vue et restitué six des huit tableaux de maîtres. Les deux derniers ont été découverts par la police lors de perquisitions.

Des profils atypiques

Si la plupart des sept prévenu·e·s qui comparaissaient étaient défavorablement connu·e·s des services de police pour des vols, du trafic de stupéfiant ou des violences, deux ont détonné par leur profil. À commencer par la mère de Tarik H., 75 ans, ou bien l’ancienne avocate de celui-ci, jugée pour recel après avoir accepté un des tableaux comme cadeau. L’avocate a justifié ce dérapage par la peur panique que lui aurait inspirée son ancien client.

Au terme d’un procès mouvementé, où les prévenu·e·s n’ont cessé de troubler les débats, la procureure avait requis la peine la plus lourde contre Tarik H., déjà condamné à 22 reprises, toujours pour des vols, soit six ans avec mandat de dépôt pour vol aggravé et association de malfaiteurs.

Contre la mère et l’un des “manutentionnaires” de l’opération, quatre ans de détention avec un sursis probatoire de deux ans avaient été requis. Contre l’avocate, la procureure avait demandé douze mois de prison dont six avec sursis, et une amende de 3 500 euros.

Konbini arts avec AFP