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Merci de ne pas toucher, une web-série féministe qui dépoussière l’histoire de l’art

Merci de ne pas toucher, une web-série féministe qui dépoussière l’histoire de l’art

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© Arte TV/Kazak Production

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Par Ana Corderot

Publié le

"Merci de ne pas toucher" redonne vie aux chefs-d’œuvre du passé à travers une approche résolument queer et féministe.

Déconstruire les chefs-d’œuvre du passé avec une approche queer, féministe, pop et contemporaine, c’est la mission que s’est donnée Hortense Belhôte, actrice, autrice et professeure d’histoire de l’art. Avec Merci de ne pas toucher, nous sommes invité·e·s à voyager, de manière contemplative, dans une analyse vivifiante et rafraîchissante d’œuvres classiques.

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En dix épisodes, Belhôte revisite et révèle les secrets de peintures de maîtres européens, allant de La Vénus à son miroir (1647-1651) de Diego Vélasquez à l’Olympia (1863) d’Édouard Manet, en passant par La Laitière (1658) de Johannes Vermeer ou encore L’Origine du monde (1866) de Gustave Courbet.

Réalisée par Cecilia de Arce et diffusée sur Arte TV, la web-série transpose ces tableaux classiques dans un décor contemporain. Ainsi, c’est au beau milieu d’un terrain de foot, d’une salle d’escalade, d’un ballroom ou d’une laverie que notre hôte nous transmet son savoir sur ces œuvres. Elle propose une lecture inclusive de l’art et met en avant des problématiques ancrées dans l’histoire et dans notre société, comme le traitement de la sexualité féminine.

Grâce à la confrontation du classicisme à notre époque contemporaine, la série se joue des tabous et du politiquement correct qui régnaient à la genèse de ces œuvres. À travers le regard de Hortense Belhôte et de Cecilia de Arce, l’Olympia de Manet devient quasiment un plaidoyer LGBTQI+ puisqu’il dépeindrait Victorine Meurent en lesbienne.

Par ailleurs, la série réussit à nous dévoiler l’érotisme insoupçonné de certaines toiles : La Laitière serait en réalité un cliché érotique bien connu de l’époque, ou encore que La Vénus à son miroir aurait été inspirée d’un corps hermaphrodite. À la fin de l’épisode consacré à Vélasquez, Vénus est d’ailleurs incarnée par une personne queer noire, en contrepied du manque de représentation des personnes noires à travers l’histoire de l’art. 

Épisode 9, “Vitamine Q”, <em>Merci de ne pas toucher</em>. (© Arte TV/Kazak Production)

Une esthétique pop et enivrante

L’actrice Hortense Belhôte est mise en scène au sein de peintures récréées et revisitées à la sauce actuelle. Visuellement, c’est une petite merveille d’esthétisme. Avec une palette de couleurs acidulées et un ton impertinent, Merci de ne pas toucher donne une nouvelle vie à ces peintures anciennes.

En se les réappropriant, Hortense Belhôte et Cecilia de Arce créent de nouvelles toiles modernes. Notre “belle hôte” incarne, avec théâtralité, ces peintures d’un temps ancien, pour en exprimer toute leur force et montrer qu’elles sont plus actuelles que jamais.

Épisode 3, “Appelons un chat”, <em>Merci de ne pas toucher</em>. (© Arte TV/Kazak Production)

Épisode 8, “Vilain petit canard”, <em>Merci de ne pas toucher</em>. (© Arte TV/Kazak Production)