Les peintures de Congo, le chimpanzé artiste, seront mises en vente prochainement

Les peintures de Congo, le chimpanzé artiste, seront mises en vente prochainement

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© Desmond Morris

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Par Lise Lanot

Publié le

55 ans après sa mort, Congo continue de fasciner les aficionados d'art et d'étude des animaux.

À 91 ans, le zoologue, écrivain et peintre surréaliste Desmond Morris se serait décidé à se séparer de centaines de peintures réalisées entre 1956 et 1959 par Congo, un chimpanzé décédé en 1964, a annoncé le site It’s Nice That.

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En décembre, 55 travaux signés Congo seront exposés et mis en vente dans la galerie Mayor, à Londres. Le vulgarisateur scientifique, amoureux de la croisée des sciences et des arts, avait supervisé une expérience longue de quatre ans visant à observer l’intérêt des grands singes pour “la création de l’art pour l’art”.

Après avoir consacré sa vie à l’éthologie, c’est-à-dire l’étude des animaux, humains compris – notamment à travers son livre à succès Le Singe nu, publié en 1967 et vendu à plus de 10 millions d’exemplaires dans le monde –, Desmond Morris souhaiterait laisser à d’autres le plaisir de posséder des toiles de Congo.

Congo le chimpanzé en train de peindre et d’utiliser son pouce opposable. (© Desmond Morris)

Le travail de Desmond Morris et de Congo avait particulièrement agité le monde de l’art, ému par une création artistique dénuée de tout intérêt financier ou glorificateur. À la fin des années 1950, Congo était devenu le singe le plus créatif du panel observé par Desmond Morris, avec environ 400 œuvres à son actif. Pablo Picasso, Joan Miró et Salvador Dalí auraient d’ailleurs chacun acquis des toiles de Congo. En 2005, une vente aux enchères voyait s’arracher les œuvres du chimpanzé tandis que personne ne daignait jeter un regard à “un tableau de Warhol et une sculpture de Renoir”, rapportait alors le Guardian.

Un travail créatif viscéral

Lors des premières sessions, Desmond Morris plaçait un crayon dans la main du chimpanzé et le laissait s’approprier le matériel et l’acte créatif. Il a ensuite testé son sens de la composition et de la symétrie, dessinant une moitié de cercle avant d’observer comment Congo continuait le dessin : inlassablement, ce dernier rééquilibrait les deux moitiés de la toile.

Peinture sur papier, résultat de la 30e session de peinture de Congo le chimpanzé, 1957. (© Desmond Morris)

Au fil des sessions, le zoologue raconte que Congo devenait de plus en plus sûr de ses mouvements, de la composition de ses œuvres, de leur début et, surtout, de leur fin :

“Congo devenait de plus en plus obnubilé par ses séances régulières de peinture. Si j’essayais de l’arrêter avant qu’il n’ait fini une toile, il se mettait à hurler. Si j’essayais de le pousser à continuer à peindre alors qu’il considérait avoir terminé, il refusait sans concession.”

L’intérêt de Congo (choisi par Desmond Morris pour sa personnalité chahuteuse”) pour la création artistique lui était propre puisqu’“aucun autre singe n’était capable d’autant contrôler son trait et de varier les motifs”. 55 ans après la mort de Congo, ses travaux, au paroxysme du concept de la création viscérale, continuent d’émouvoir et de fasciner les foules.

Congo devant sa palette de couleurs. (© Desmond Morris)

Peinture sur papier, résultat de la 34e session de peinture de Congo le chimpanzé, 1958. (© Desmond Morris)