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Pourquoi faut-il éviter de respirer trop près du “Cri” de Munch ?

Pourquoi faut-il éviter de respirer trop près du “Cri” de Munch ?

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© Edvard Munch

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Par Lise Lanot

Publié le

Les couleurs du célèbre "Cri" de Munch se détériorent. Des chimistes pensent avoir découvert l'élément coupable.

En 1910, Edvard Munch réalise la quatrième version de son Cri. En 110 ans, c’est cette dernière variante qui a acquis le plus de notoriété. Malheureusement, depuis quelques années, elle perd quelque peu de sa superbe et de l’expression de son désespoir parce que ses couleurs ternissent et s’effacent. Le jaune du ciel et du col du personnage principal, notamment, a blanchi.

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Jusqu’ici, on pensait que la lumière était responsable de la photodégradation. Selon une équipe internationale réunissant une vingtaine de scientifiques, ce serait plutôt l’humidité qui blanchirait les tons jaunes de la peinture. Les chimistes ont découvert qu’Edvard Munch aurait utilisé une peinture de mauvaise qualité (comportant du sulfure de cadmium) qui, le temps passant, réagit mal à l’humidité et à la moisissure.

“Le Cri”, 1910. En haut, à droite : un détail de la peinture aujourd’hui. En bas, à droite : une reconstruction numérique de ce à quoi ressemblaient les couleurs déteintes auparavant. (© Musée Munch d’Oslo/Edvard Munch)

Après son vol et ses deux années en cavale en 2006, Le Cri était conservé dans une salle peu éclairée avec un taux d’humidité à 50 %. Au vu des conclusions tirées par les chimistes, des précautions spéciales doivent désormais être prises. Dès qu’elle sera exposée, la toile devra être suffisamment éloignée du public, dont la respiration est trop humide et donc nocive. En attendant, elle sera entreposée dans une grande salle au taux d’humidité bien plus faible.

Cette détérioration des couleurs de l’œuvre est bien déplorable ; la symbolique de ces dernières fait partie intégrante de la représentation de l’effroi, tel que l’écrivait Munch dans son journal en 1892 :

“Je marchais un soir sur la route. J’étais fatigué et malade – j’ai regardé à travers le fjord – le soleil se couchait – les nuages étaient teintés de rouge – comme du sang – j’avais l’impression qu’un cri parcourait la nature – j’ai cru entendre un cri. – J’ai peint cette image – j’ai peint les nuages comme du sang. Les couleurs hurlaient.”

Le 15 juin, le Musée Munch rouvrira ses portes à Oslo. L’établissement fait état de ces avancées scientifiques, ajoutant une couche à l’histoire déjà dense d’un des tableaux les plus célèbres de l’ère moderne.

“Le Cri”, 1910. (© Edvard Munch/Musée Munch d’Oslo)