Une immense fresque vieille de 12 500 ans a été découverte dans la forêt amazonienne

Une immense fresque vieille de 12 500 ans a été découverte dans la forêt amazonienne

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© Marie-Claire Thomas/Wild Blue Media/Channel 4

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Par Lise Lanot

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Cette "chapelle Sixtine des Anciens", qui raconte la vie de nos ancêtres, a "coupé le souffle" des archéologues.

L’année dernière, des archéologues en mission dans la forêt amazonienne colombienne ont sûrement vécu la meilleure journée de leur vie. Au cœur de la Serranía de la Lindosa, près du río Guayabero, l’équipe britanno-colombienne a découvert des dizaines de milliers de peintures sur une falaise large de près de treize mètres. Ces dessins dépeignant des hommes et des animaux dateraient de 12 500 ans.

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Cette datation a été estimée d’après les illustrations elles-mêmes précise le Guardian. Sont représentés, en plus de poissons, lézards, oiseaux, chevaux et paresseux géants, des animaux aujourd’hui disparus tels que des paléolamas (de la famille des camélidés, lointains cousins des chameaux et dromadaires donc) et des mastodontes (de la famille des Mammutidae, et donc des mammouths).

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À leurs côtés se trouvent des empreintes de mains, des formes géométriques, des plantes hallucinogènes et des personnages humains en train de danser ou de se tenir par la main. Les tailles varient, tout comme les hauteurs – une composante qui a d’ailleurs surpris l’équipe, se demandant comment ces artistes de la période glaciaire étaient parvenu·e·s à peindre des dessins si haut. Selon le chef de file de l’expédition José Iriarte, la réponse se cacherait dans les dessins : on y voit des sortes de tours en bois d’où se jettent des silhouettes (dans une espèce de “saut à l’élastique” selon les scientifiques).

Un livre ouvert sur le passé

Par son immensité et le nombre de dessins qui la couvrent, la falaise a trouvé le surnom de “chapelle Sixtine des Anciens” (qui devrait peut-être s’appeler “chapelle Sixtine des Anciennes” sachant que, selon l’étude d’un anthropologue américain, la majorité des dessins préhistoriques aurait été réalisée par des femmes).

Le lieu fait l’objet d’un documentaire diffusé à la télévision britannique, Jungle Mystery: Lost Kingdoms of the Amazon, conduit par une des archéologues de la mission, Ella al-Shamahi. L’exploratrice a confié avoir eu “le souffle coupé” face à ces traces du passé :

“Une des choses les plus spectaculaires a été de voir la mégafaune de la période glaciaire, parce que c’est un marqueur temporel. Je crois que les gens ne se rendent pas compte du changement qu’a connu l’Amazonie avant de ressembler à ce qu’on connaît aujourd’hui. Ça n’a pas toujours été une forêt tropicale.

Les chevaux et mastodontes de ces images ne vivaient évidemment pas dans une forêt. Ils étaient trop gros. Ils ne montrent pas seulement qu’ils ont été peints par certains des premiers hommes (ce qui est déjà époustouflant), mais ils donnent aussi des indices sur ce à quoi ressemblait cet endroit : plutôt un genre de savane”, s’extasie Ella al-Shamahi.

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Une mission dangereuse

Comme toute bonne chose, cette découverte s’est fait désirer. Le documentaire précise que l’équipe a dû faire deux heures de route en voiture depuis la ville la plus proche, San José del Guaviare, avant d’entamer un trek de quatre heures. Le groupe a dû éviter “les habitants les plus dangereux de la région”, soit des caïmans “partout” et des crotales muets, “les serpents les plus mortels des Amériques avec un taux de mortalité de 80 %”, dont ils ont rencontré un spécimen sur leur route.

Les archéologues soulignent également que le lieu où se trouve la falaise était inaccessible il y a encore peu de temps, avant que ne soit signé l’accord de paix entre les FARC et le gouvernement colombien, en 2016. Des négociations minutieusement amenées ont tout de même été nécessaires afin de pouvoir entrer en toute sécurité”, précise le Guardian.

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La promesse d’un trésor sans fin

Le nombre de dessins présents sur cette “chapelle Sixtine” d’un nouveau genre nécessitera sans doute des années de recherches afin d’espérer venir un jour à bout de ses secrets. José Iriarte imagine que “de nombreuses autres peintures restent à découvrir”.

Beware Magazine rapporte certaines des premières hypothèses des archéologues : ces peintures rupestres auraient “été faites par l’une des deux principales tribus indigènes présentes en Amazonie depuis des milliers d’années : les Yanomami et les Kayapo. Ces tribus seraient des descendantes de la première vague de migrants sibériens, qui auraient rejoint l’Amazonie par le pont terrestre de Béring, il y a 17 000 ans”. Dès que la pandémie le permettra, l’équipe devrait retourner sur les lieux et affiner ces hypothèses.

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© José Iriarte

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