220 ans après, le descendant métis de Thomas Jefferson recrée son portrait présidentiel

220 ans après, le descendant métis de Thomas Jefferson recrée son portrait présidentiel

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© Drew Gardner

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Par Lise Lanot

Publié le

Fruit d'une liaison entre le 3e président des États-Unis et une esclave, Shannon LaNier partage un message d'égalité.

Drew Gardner est un photographe féru d’histoire et de généalogie. Pour sa série The Descendants, il est parti à la recherche des arrière-petits-enfants, nièces et neveux de personnalités historiques et politiques américaines.

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Le photographe américain fait poser les descendant·e·s de personnalités des siècles derniers dans des habits, coiffures, postures, mises en scène et éclairages similaires. Il place ensuite côte à côte le portrait peint original et sa version moderne photographiée. Les résultats peuvent être anecdotiques, simplement frappants de ressemblance, ou porteurs d’histoires et de messages sociopolitiques.

À gauche : Thomas Jefferson peint par Rembrandt Peale. À droite : Shannon LaNier photographié par Drew Gardner. (© Drew Gardner)

Ainsi, en plus d’avoir retrouvé un arrière-petit-fils de l’abolitionniste Frederick Douglass ou une arrière-petite-fille de l’abolitionniste et suffragiste américaine Elizabeth Cady Stanton, Drew Gardner a photographié un des descendants du troisième président des États-Unis, Thomas Jefferson. Le double portrait a particulièrement intéressé le public, dont le Smithsonian Magazine qui a consacré une page au projet du photographe.

Le descendant d’un maître blanc et de son esclave noire

Le descendant en question se nomme Shannon LaNier, il est présentateur télé et il s’avère qu’il est métis. Dans un pays secoué par les inégalités raciales, il n’est pas anecdotique de montrer qu’un des arrière-petits-enfants d’un des premiers présidents des États-Unis (blanc, évidemment) est noir.

Shannon LaNier est le descendant de l’union, extra-maritale, de Thomas Jefferson et d’une esclave, Sally Hemings. Au photographe, le journaliste raconte “ressentir des émotions complexes” quant à cette généalogie : “Il était un homme brillant qui prêchait l’égalité mais ne la pratiquait pas. Il possédait des êtres humains. Et je suis là à cause de cela.”

En effet, durant sa présidence, Thomas Jefferson ratifie en 1807 la loi interdisant officiellement la “traite négrière” sur le territoire américain. Dès ses 14 ans pourtant, à la mort de son père, le futur président héritait d’une immense propriété sur laquelle travaillaient des centaines d’esclaves et, tout au long, de sa vie, il a possédé des esclaves dans ses plantations – dont Sally Hemings, l’arrière arrière arrière arrière arrière arrière arrière grand-mère de Shannon LaNier.

Un message d’unité et d’égalité

Au contraire des autres participant·e·s au projet The Descendants, Shannon LaNier n’a pas voulu porter de perruque pour coller au physique de son ancêtre : “Je ne voulais pas devenir Jefferson”, déclare-t-il.

L’homme, qui a coécrit un livre intitulé Jefferson’s Children: The Story of One American Family (“Les Enfants de Jefferson : l’histoire d’une famille américaine”) profite de sa position pour affirmer un message d’unité, d’espoir et d’égalité dans un pays où des personnes meurent régulièrement pour la couleur de leur peau.

“Mon ancêtre avait ses rêves, et maintenant c’est à nous qui vivons aux États-Unis aujourd’hui de faire en sorte que personne ne soit exclu de la promesse de vivre, d’être libre et d’être heureux.” Dans son émission, il explique que sa participation est une façon de montrer “la diversité” de son pays ainsi que “le chemin parcouru par son pays, qu’il en reste encore beaucoup à parcourir”.