Arles 2017 : Marie Bovo nous embarque sur les rails de l’Europe de l’Est

Arles 2017 : Marie Bovo nous embarque sur les rails de l’Europe de l’Est

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Par Lisa Miquet

Publié le

Marie Bovo a parcouru l’Europe de l’Est et la Russie en train, voyage qu’elle a documenté à l’aide d’une chambre photographique et d’un procédé soigneusement réfléchi.

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Nombreux sont les photographes à avoir immortalisé le monde depuis une fenêtre. Structurant le cadre de l’image, permettant de jouer entre l’espace privé et l’espace public, offrant un sentiment d’immersion au spectateur ou encore contextualisant l’image, une simple ouverture peut être riche de sens. C’est ce qu’a compris Marie Bovo, en décidant d’en faire sa spécialité. Après avoir photographié les cours intérieures de nombreuses habitations – transformant ces lieux de vie en œuvres abstraites – la photographe a décidé d’immortaliser Alger, en photographiant uniquement des fenêtres à différentes heures. Son travail nous évoque alors la première photo de l’histoire, prise par Nicéphore Niépce, depuis une vue de sa maison à Saint-Loup-de-Varennes. Coïncidence formelle, ou véritable clin d’œil à l’invention de la photographie, il est difficile de savoir. Toutefois l’artiste revendique le fait de nourrir son travail de nombreuses références artistiques, comme elle l’explique au micro de France Culture :

“Nous sommes en dialogue avec les autres artistes, peu importe qu’ils soient vivants ou morts. On espère aussi dialoguer avec le futur. Un artiste ne vit pas dans sa tour d’ivoire et ne naît pas d’une graine du jour au lendemain : on devient artiste au contact de l’art.”

Exposée à Arles cette année, l’artiste revient avec une nouvelle série intitulée Cтансы (Stances), réalisée en 2017. Durant plusieurs semaines, l’artiste a travaillé à bord de différents trains, parcourant d’importantes distances entre l’Europe orientale et la Russie. À chaque arrêt, l’artiste installe une chambre photographique devant l’étroite porte du wagon, avec pour surprise de découvrir sur quel paysage le train va ouvrir ses portes. Une méthode quasi automatique, qui rappelle le mouvement de l’obturation de l’appareil photographique : la porte s’ouvre et la pellicule est imprimée du lieu. Une mise en abîme captivante, qui montre une Europe de l’Est marquée par l’ère communiste, relativement différente du reste du monde occidental.

La série photo occupe les murs de l’impressionnante église des Trinitaires à Arles, lieu qui magnifie les tirages de l’artiste espagnole. À voir jusqu’au 27 août.

Marie Bovo, “Cтансы (Stances)”, église des Trinitaires, Rencontres photographiques d’Arles. Jusqu’au 27 août 2017.