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Au Maroc, Aassmaa Akhannouch documente avec émotion la maison de son enfance

Au Maroc, Aassmaa Akhannouch documente avec émotion la maison de son enfance

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© Aassmaa Akhannouch

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Par Sabyl Ghoussoub

Publié le

La photographe marocaine opère un touchant retour dans le passé, à travers sa série "La Maison qui m’habite encore".

Elle s’appelait “La Maison rouge”, la maison d’enfance de la photographe marocaine Aassmaa Akhannouch. Pendant plus de dix ans, elle y a habité avec sa famille : sa grand-mère, ses parents, ses trois sœurs et son frère. Un lieu plein de vie où Akhannouch se souvient encore de sa mère qui préparait des cornes de gazelle, dans la cour devant la cuisine.

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“C’est l’été et l’immense fenêtre du séjour est grande ouverte. Je m’approche, mon père et ma sœur sont tous les deux derrière un livre. Il y a des livres partout mais le soir, on ne me lisait pas des histoires pour enfants, on me les racontait”, écrit Akhannouch, lauréate du prix HSBC 2021 pour la photographie, dans sa monographie La Maison qui m’habite encore parue aux éditions Xavier Barral.

Repas de fête. (© Aassmaa Akhannouch)

Le père est muté à Agadir, tout ce beau monde déménage. Les années passent, les enfants grandissent, la maison est délaissée jusqu’à la mort des deux parents où les enfants doivent faire un choix. Que faire d’une maison de famille fermée depuis plus de trente ans ? Que faire des objets ? Des souvenirs ? Du lieu même ?

Les enfants choisissent de la vendre. À contrecœur pour Aassmaa qui écrit : “Je ne veux pas que cette maison soit vendue, je veux la garder en cette veille de fête, en cet éternel, engloutie, endormie, car elle n’a jamais cessé d’être mon adresse.”

Été éternel. (© Aassmaa Akhannouch)

Pour ne jamais la perdre, il lui reste la photographie. Elle immortalise le vieux téléviseur, le téléphone, la penderie et la robe qui reste. Akhannouch imagine des mises en scène. Dans son texte introductif, la commissaire d’exposition Sylvie Hugues raconte :

“Pour conjurer le sort, elle fait alors rejouer les scènes de son enfance. Le film continue, la fille d’une amie incarne la jeune Aassmaa, une cousine endosse le rôle d’une des trois sœurs, quant au petit frère, c’est le neveu qui s’y colle. Et miracle du talent, ça sonne juste. Comme si les habitants de cette maison – pourtant fermée depuis trente ans – n’avaient jamais quitté les lieux.”

Veille de fête. (© Aassmaa Akhannouch)

Akhannouch s’enferme ensuite dans son laboratoire où elle emploie plusieurs procédés : tirage de ses négatifs en cyanotype, rehaussement à l’aquarelle des photographies pour parvenir à donner une impression d’intemporalité à sa série.

À travers ses images intimistes, l’artiste tente de garder les traces de son enfance, de son passé, de son histoire en immortalisant ces souvenirs universels. Sa photographie devient alors un rempart face à la perte et l’oubli.

Le 23784 ne sonnera plus. (© Aassmaa Akhannouch)

Aurais-je le temps ? (© Aassmaa Akhannouch)

Salon télé. (© Aassmaa Akhannouch)

L’ouvrage La maison qui m’habite encore de Aassmaa Akhannouch est publié aux éditions Xavier Barral.