Avec son argentique et son vélo, Florian Machefert nous montre un autre visage de la France

Avec son argentique et son vélo, Florian Machefert nous montre un autre visage de la France

photo de profil

Par Lisa Miquet

Publié le

Le 24 juillet 2017, Florian Machefert a quitté Paris pour relier Tonnay-Charente, sa ville natale, à vélo. Retour en images sur un périple de six jours et de plus de 600 km.

À voir aussi sur Konbini

Nous vous avons déjà parlé du couple de photographes derrière le projet Izberg et de ses carnets de voyage photographiques qui nous avaient tapé dans l’œil. Cette fois, c’est le projet personnel de l’un des membres du binôme, Florian Machefert, qui a attiré notre attention.

En effet, ce dernier s’est lancé le défi de relier Paris à Tonnay-Charente (Charente-Maritime) à vélo, ce qui représente une distance d’environ 617 km. Si le photographe avait l’habitude d’utiliser le vélo pour ses trajets parisiens quotidiens, il ne s’était jamais lancé dans ce genre de périple :

“Depuis plusieurs années, je me déplace exclusivement à vélo dans Paris. Cependant, je n’avais jamais envisagé ce moyen de locomotion au-delà de mes trajets intra-muros. En juillet dernier, à l’approche des vacances d’été, j’ai repensé à un trajet Paris-Toulouse que mon frère avait réalisé quelques années auparavant. C’est ce qui a déclenché l’envie de partir à mon tour sur les routes de France.”

Son appareil Minolta Hi-Matic GF en poche, Florian Machefert a décidé de documenter les détails et moments de son voyage. Il photographie voitures, pancartes et devantures, des petits riens qu’on ignore souvent et qui font pourtant partie de notre paysage.

Quand on observe la démarche du photographe, qui cumule déplacement à vélo et photographie argentique, on comprend rapidement que la temporalité est l’une des clés de voûte de son travail. À la question “ressens-tu le besoin de ralentir ?”, il nous répond :

“Après de nombreuses années de vie à Paris, il m’apparaît évident que mon besoin d’espace et de temps se fait de plus en plus pressant. Ces deux pratiques vont, en effet, dans ce sens. D’un côté, l’argentique m’a appris la patience et permis de prendre un certain recul sur mon rapport à l’image.

Quant au vélo, il m’est apparu comme la temporalité parfaite au déplacement : juste assez lent pour profiter de chaque lieu croisé, mais assez rapide pour embrasser une multitude d’espaces en un temps relativement ‘court’.”

Les images de Florian Machefert défilent au rythme des kilomètres et le paysage évolue peu à peu. Ce qui nous frappe, c’est qu’aucune âme n’apparaît. Le photographe profitait sans doute de moments de solitude pour réaliser ses images, mais on ne peut s’empêcher d’interpréter ces clichés comme les témoins d’une exode rurale.

Il a fallu six jours au photographe pour relier Paris à Tonnay-Charente, ville où il a grandi. Un retour aux sources sous forme de voyage initiatique. Avec ce projet, il a mis au défi ses limites physiques – il raconte avec humour être arrivé dans certains villages au bord du naufrage –, mais a aussi pris le temps de découvrir différemment une partie de la France. Il raconte :

“Ce voyage m’a permis de prendre la mesure de la grande diversité de nos villes et nos campagnes. En France, notre patrimoine culturel mais aussi naturel est extrêmement riche ! Paradoxalement, de plus en plus de lieux sont oubliés voire désertés, à l’instar de certaines villes ‘fantômes’ que j’ai pu traverser.

Ce que je retiens aussi de ce voyage, c’est l’hospitalité des gens. Je ne sais pas si c’est mon accoutrement et le périple que j’entreprenais, mais j’ai toujours attiré la sympathie et la bienveillance lors de mon parcours. J’ai rencontré des gens tous très différents mais toujours enclins à la discussion et à l’échange.”

Enthousiaste suite à cette nouvelle expérience, Florian Machefert a décidé de se lancer dans un nouveau périple en reliant Paris à Saint-Malo en septembre prochain, à l’occasion du festival Hello Birds. Il envisage aussi de lancer avec Izberg une série d’ouvrages autoédités dont Paris-Tonnay-Charente sera le premier. Affaire à suivre, donc.

Vous pouvez retrouver le travail de Florian Machefert sur son compte Instagram et son site web.