Bad Bunny est le premier artiste masculin à figurer sur une couverture Playboy

Bad Bunny est le premier artiste masculin à figurer sur une couverture Playboy

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© Stillz/Playboy

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Par Lise Lanot

Publié le

Le rappeur portoricain inaugure le premier numéro exclusivement numérique de "Playboy". La couverture est déjà historique.

Après 66 années passées sur les étagères des marchand·e·s de journaux, le magazine Playboy a raccroché sa version papier et est passé exclusivement au numérique. Comme un double souffle, la publication a inauguré cette nouvelle ère en présentant un homme en couverture. Son célèbre fondateur Hugh Hefner mis à part, c’est la première fois que Playboy ne montre pas une femme en une.

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Cette première est revenue à l’artiste portoricain Bad Bunny. Un choix logique considérant que le nom d’artiste du rappeur peut être vu comme un clin d’œil au lapin de Playboy, mais cette décision ne s’arrête pas là. Le jeune homme a été choisi pour son ouverture à parler de sexualité – toutes les sexualités – et sa volonté de brouiller les codes esthétiques traditionnels du genre.

Sur la couverture, il arbore d’ailleurs une de ses célèbres manucures, qui font tant jaser ses détracteur·rice·s et lui attire même des commentaires homophobes. Photographié par Stillz, il est grimé en Narcisse des temps modernes, de minuscules logos Playboy incrusté sur ses lèvres, sous ses sourcils et sur ses ongles.

Un tournant plus moderne ? 

L’inclinaison de Benito Antonio Martínez Ocasio (de son vrai nom) à la superposition des genres se ressent également dans sa musique. Son inspiration reggaeton est mêlée à des accents trap et des textes jusque-là inhabituels, tel qu’on peut le lire chez Slate sous la plume de Sophie Laroche :

“Il faut dire qu’une partie du succès de Bad Bunny repose sur les messages qu’il partage à travers sa musique. Driver, rappeur, producteur et chroniqueur radio, l’assure : ‘Ce qui fait la différence chez lui, c’est le texte. Le reggaeton, c’est une musique de club, très sexy. On y parle beaucoup de relations hommes-femmes, de séduction et de danse en boîte de nuit. Bad Bunny, lui, a pris le reggaeton comme du rap. Il s’est dit qu’on pouvait tout dire. Il ne l’a pas inventé, car des artistes comme Daddy Yankee ont déjà abordé d’autres thèmes, mais au sein de la nouvelle génération, c’est l’un des rares à aller plus loin en écrivant sur l’homophobie ou les violences conjugales.’

Tout en affirmant son hétérosexualité, Bad Bunny milite pour une sexualité ouverte, délestée de ses tabous. Interrogé par Playboy, il affirme que, pour lui, “le sexe est un univers immense” : “Chacun est libre de le voir comme il le veut, de le faire avec qui il le souhaite, comme il le souhaite, dans une infinité de possibilités. Au bout du compte, on est tous des êtres humains. Tout le monde ressent des émotions et tombe amoureux de qui il veut et est supposé tomber amoureux.”

Pour cette première couverture masculine, Playboy a compris qu’il n’était pas question de montrer un sempiternel cliché ambulant de testostérone traditionnel. Le magazine a beaucoup de chemin à faire quant à sa représentation des femmes – bien qu’en novembre 2017, il ait pour la première fois élu une femme transgenre, la mannequin Ines Rau, playmate du mois mais, si la route est longue, on espère qu’elle est entamée.