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En cachant le visage des passants, Cédric Roux questionne le droit à l’image

En cachant le visage des passants, Cédric Roux questionne le droit à l’image

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Par Lisa Miquet

Publié le

Cédric Roux aborde la question controversée du droit à l’image le temps d’une série photo.

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En photographie, le droit à l’image est un vaste débat. Pourtant, le Code civil est extrêmement clair puisqu’il est écrit dans l’article 9 alinéa 1er : “Chacun a droit au respect de sa vie privée.” Ainsi, tout à chacun peut s’opposer à la captation de son image ainsi qu’à sa diffusion :

“Chaque individu a un droit exclusif sur son image et l’utilisation qui en est faite. Vous pouvez vous opposer à sa fixation, conservation ou à sa diffusion publique sans votre autorisation, sauf cas particuliers.”

Les cas particuliers sont rares et concernent les photos d’actualité ou d’élus dans l’exercice de leurs fonctions par exemple. Cette spécificité du droit français est une véritable entrave pour les photographes, notamment ceux qui officient dans la rue. Pour respecter la loi, il faut demander l’autorisation aux personnes que l’on photographie.

Toutefois, la beauté d’une image réside souvent dans sa spontanéité. Aller demander l’autorisation à quelqu’un avant d’appuyer sur le déclencheur risque de casser le moment. Ainsi, de nombreux photographes ne respectent pas cette loi.

Que serait le travail d’Henri Cartier-Bresson, de Diane Arbus, de Vivian Maier ou encore de Raymond Depardon s’ils avaient dû arrêter chacun des passants qu’ils ont photographiés ? Et pourtant, il est aussi essentiel de respecter le consentement de tout individu.

Respect de la vie privée ou entrave à la création ?

Tiraillé par cet interminable débat, le photographe Cédric Roux a décidé de se plier à la contrainte en réalisant une série faite dans la rue qui tente de respecter le droit français. Il n’a pas demandé l’autorisation aux passants qu’il a immortalisés et a donc fait en sorte que ces derniers ne soient pas reconnaissables.

Pour ce faire, il a dû user de nombreux jeux de cadrage et de lumière pour rendre ces individus anonymes. Il nous raconte : “Cette contrainte m’a obligé à trouver différents moyens de ne pas montrer les visages sans user des mêmes stratagèmes pour ne pas tomber dans la répétition. Donc il a fallu être un peu créatif !”

Ayant poussé la contrainte jusqu’à s’interdire de photographier des passants de dos, le photographe a montré qu’il était possible de créer dans l’espace public tout en respectant le droit à l’image des individus.

Ce travail s’inscrit dans un mouvement qui vise à respecter davantage ce droit à la vie privée, auquel s’était déjà essayé ce festival aux Pays-Bas qui proposait aux spectateurs de refuser d’être photographiés en se collant une gommette rouge sur le visage.

Vous pouvez retrouver le travail de Cédric Roux sur son site personnel, son compte Instagram ou encore soutenir sa candidature au prix Zoom 2018.