Cette photographe a transformé des travailleurs mexicains en super-héros du quotidien

Cette photographe a transformé des travailleurs mexicains en super-héros du quotidien

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© Pinzón Dulce

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Par Pauline Allione

Publié le

Une série qui rend hommage à ces héros des temps modernes.

La force d’Hulk utilisée pour soulever des cartons, Batman transformé en chauffeur, Spiderman accroché aux immeubles pour laver les vitres… La profession des super-héros de Dulce Pinzón, souvent, fait sourire. Renvoyés au bas de l’échelle sociale au cœur d’un quotidien plutôt banal, ces héros-là sont loin de leur heure de gloire.

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Et pour cause, les couleurs pop de Marvel et DC Comics dépeignent ici le quotidien des immigré·e·s latino-américains. Leur super-pouvoir ? Survivre à des conditions de travail souvent extrêmes pour subvenir aux besoins de leur famille. Dans le cadre de la cinquième édition de lille3000 “Eldorado”, qui se déroule cette année sur le thème du Mexique, le projet de Dulce Pinzón est exposé à La Corderie à Marcq-en-Barœul, jusqu’au 2 novembre.

Catwoman. (© Dulce Pinzón/Courtesy of Patricia Conde Galería, Mexico)

Déguiser pour rendre visible

Avec sa série La Vraie Histoire des super-héros, la photographe Dulce Pinzón nous montre une autre facette de l’acte héroïque, pour souligner la force et le courage des travailleur·se·s mexicain·e·s immigré·e·s à New York. Photographiés sur leur lieu de travail, ces travailleurs invisibilisés par la société revêtent tous le costume et le masque d’un super-héros. Un moyen de mettre en avant le labeur qu’ils réalisent chaque jour dans les rues de New York.

Dulce Pinzón, elle-même d’origine mexicaine, ne se contente d’ailleurs pas de les rendre visibles à l’image. En légende de chaque cliché, elle fait tomber les masques : on retrouve le nom, la ville natale et l’emploi de chacun des 19 individus qu’elle a photographiés dans le cadre de son projet. L’artiste révèle aussi quelle somme d’argent ils envoient chaque mois ou chaque semaine pour subvenir aux besoins de leur famille.

Wonder Woman. (© Dulce Pinzón/Courtesy of Patricia Conde Galería, Mexico)

“Le travailleur immigré mexicain à New York est un parfait exemple du héros inconnu”

C’est ainsi que l’on découvre que, dans la vraie vie, la Catwoman de Pinzón s’appelle Minerva Valencia. Originaire de Puebla, elle garde des enfants et envoie 400 dollars à sa famille chaque semaine. Batman, lui, s’appelle Frederico Martinez, il est chauffeur de taxi. Son job lui permet d’envoyer 250 dollars par semaine à ceux qui sont restés au pays. Son acolyte Robin, alias Ernesto Mendez de Mexico, est gigolo sur Times Square. Originaire de Mexico, il envoie 200 dollars toutes les semaines à sa famille.

“Le travailleur immigré mexicain à New York est un parfait exemple du héros inconnu. Il est fréquent qu’il fasse des heures supplémentaires dans des conditions extrêmes et pour des salaires très bas. Ceux-ci économisés au prix de lourds sacrifices et envoyés à leurs familles et communautés au Mexique, qui comptent sur eux pour survivre. L’économie mexicaine est silencieusement devenue dépendante de cet argent, tandis que l’économie américaine est silencieusement devenue dépendante du travail des immigrés”, dénonce la photographe.

Captain America. (© Dulce Pinzón/Courtesy of Patricia Conde Galería, Mexico)

Fantastic Twins. (© Dulce Pinzón/Courtesy of Patricia Conde Galería, Mexico)

Harvey Birdman. (© Dulce Pinzón/Courtesy of Patricia Conde Galería, Mexico)

Hulk. (© Dulce Pinzón/Courtesy of Patricia Conde Galería, Mexico)

“La Vraie Histoire des super-héros” de Dulce Pinzón est visible à la médiathèque La Corderie, à Marcq-en-Barœul, jusqu’au 2 novembre 2019.