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Cipriana Quann et TK Wonder, jumelles à la voix forte et icônes du natural hair

Cipriana Quann et TK Wonder, jumelles à la voix forte et icônes du natural hair

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Par Lise Lanot

Publié le

Cipriana et TK imposent sur les réseaux sociaux et dans les magazines leur beauté magnétique et leur discours d’acceptation de soi.

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Il y a encore quelques années, les jumelles Cipriana Quann et TK Wonder avaient honte de leurs chevelures naturelles. Le site Bored Panda rapporte que ces sœurs détestaient leurs cheveux et les voyaient comme un énorme obstacle. Leurs cheveux ont fini par devenir une composante essentielle de leur célébrité et le point de départ de leur discours d’acceptation de soi et de l’autre.

Cipriana est l’auteure du blog Urban Bush Babes (cofondé avec son amie Nikisha Brunson) qui promeut la confiance en soi et la diversité à travers des sujets relatifs à la mode, le lifestyle et la culture. À plusieurs reprises, les deux mannequins ont rapporté avoir longtemps lissé leurs cheveux, par honte de leur volume. Aujourd’hui, leurs cheveux sont assumés, elles font la une de nombreux magazines et sont souvent relayées sur les réseaux sociaux.

Cette notoriété leur permet de faire passer les messages qui leur tiennent à cœur : Cipriana opère à travers son blog et TK à travers sa musique et ses paroles engagées en faveur du féminisme et de la diversité. Elles utilisent aussi leurs comptes Instagram afin de diffuser des images de leurs coupes et des vidéos dans lesquelles elles s’expriment quant à l’affirmation de soi.

Dans une campagne vidéo publiée sur le site de Kenneth Cole, les jumelles racontent avoir grandi dans une maison où l’ouverture d’esprit et la diversité étaient des mots d’ordre. Mais à l’adolescence, elles ont commencé à se remettre en question : “On m’a demandé de changer certaines choses, notamment mes cheveux qui n’étaient pas acceptés par la société, pas assez commerciaux” annonce Cipriana.

Selon elles, “l’imperfection, c’est ça la perfection”, et elles souhaitent pousser les jeunes gens à croire en eux et ne pas se laisser dicter leurs comportements ou leurs peurs. Elles ajoutent : “Imaginez si tout le monde avait confiance en soi et se sentait capable de réaliser ses rêves, imaginez à quel point le monde serait différent.”

Des voix positives contre la discrimination

Si les sœurs sont des gravures de mode qui courent les Fashion Weeks, elles se font aussi l’écho d’une problématique qui concerne de nombreuses femmes. À l’origine du site Urban Bush Babes, il y a une prise de conscience : “On était arrivé à un point où il était mal vu de laisser ses cheveux naturels et il y avait une stigmatisation autour des gens qui coiffaient leurs cheveux de cette façon, ou avaient une coupe afro. L’idée était de briser les stéréotypes et les perceptions négatifs que les gens pouvaient avoir sur les cheveux naturels”.

Ces “perceptions négatives” constituent des discriminations et ce depuis bien longtemps. Une étude intitulée The Politics of Black Women’s Hair (“La politique des cheveux des femmes noires”, ndlr) et menée par deux chercheuses de l’université du Minnesota, Vanessa King et Dieynaba Niabaly, porte sur ce type de discriminations. Les deux chercheuses se sont basées sur des recherches et ont mené une étude statistique auprès d’une dizaine de femmes africaines et afro-américaines :

“À travers l’histoire, les femmes ont subi la pression de devoir se conformer à des standards de beauté euro-centrés. […] Souvent, les médias font de la femme blanche avec les cheveux lisses un idéal de beauté. La minorité de femmes noires représentées ont le plus souvent des traits caucasiens, une peau claire et les cheveux lisses”.

Cette représentation médiatique a des conséquences dans le monde du travail, puisque l’étude rapporte que “dans le monde occidental, les cheveux lisses sont considérés comme plus professionnels et plus présentables, tandis que les cheveux naturels sont vus comme négligés”. Ainsi, de nombreuses études ont aussi prouvé qu’il était plus difficile pour une femme noire qui laissait ses cheveux libres ou en dreadlocks de trouver un travail.

Le site Take Part partageait en avril 2016 le tweet de Bonnie Kamona, Miss Botswana 2016, qui avait tapé dans Google Images les mots clés “Coiffures professionnelles au travail” et “Coiffures non professionnelles au travail”. Dans la première catégorie, le moteur de recherche ne lui a proposé que des femmes blanches et blondes aux cheveux lisses tandis que la seconde catégorie exposait des images de femmes noires et métisses aux cheveux naturels. Le chemin à parcourir est donc encore long, mais les voix des jumelles Cipriana et TK Quann sont un premier pas vers l’acceptation de soi.