De Nan Goldin à Ryan McGinley, une expo collective milite pour le droit à l’avortement

De Nan Goldin à Ryan McGinley, une expo collective milite pour le droit à l’avortement

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© Viva Ruiz

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Par Lise Lanot

Publié le

À New York, l'exposition "Abortion is Normal" tente de contrer les vagues répressives des lois anti-avortement aux États-Unis.

En 1973, la Cour suprême américaine passait “Roe v. Wade”, un arrêt historique qui assurait que, jusqu’à la fin du premier trimestre, la décision de l’avortement était laissée au jugement de la femme enceinte. Cette décision marquait d’une pierre blanche le débat sur l’avortement, divisant la société américaine entre les pro-choice” (pro-avortement) et les “pro-life” (anti-avortement).

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Presque un demi-siècle plus tard, en 2019, “Roe v. Wade” connaissait de nombreux remous puisque l’État de l’Alabama votait une loi anti-avortement extrêmement répressive. Dans cet État du Sud, un médecin pratiquant une IVG est considéré coupable d’un crime passable de 99 ans de prison. Aucune exception n’est faite pour les victimes de viol et d’inceste, qui ne sont pas autorisées à avorter légalement.

Depuis cette décision prise par l’Alabama, le débat s’est amplifié à travers le pays et d’autres États ont adopté des lois anti-avortement. En pratique, et même sans ces lois, l’avortement est inaccessible dans plusieurs États depuis de nombreuses années. C’est en réponse à ces vagues répressives qu’est organisée “Abortion is Normal”, une exposition collective sous forme “d’appel urgent à l’action” afin d’alerter l’opinion publique et de lever des fonds “pour soutenir un avortement accessible, sans danger et légal”.

“Mammy was here she equally acceptable”. (© Dominique Duroseau/Downtown for Democracy)

Les deux curatrices de l’exposition, Jasmine Wahi et Rebecca Pauline Jampol, avaient à cœur de rassembler des artistes et des travaux qui ne se concentraient pas forcément tous directement sur le thème de l’avortement. Les œuvres exposées partagent plutôt les thèmes de la “possession de son corps et l’autonomie”. Pour Rebecca Pauline Jampol, le but de l’exposition est bien de normaliser l’avortement, de montrer que cela “fait partie du système de santé [américain] et que tout le monde devrait y avoir accès”, rapporte Art News. “On ne devrait pas avoir à se battre pour ce droit”, ajoute la curatrice.

Les artistes mis·e·s en avant sont de toutes générations et renommées : on retrouve des artistes confirmé·e·s tel·le·s que Laurie Simmons, Nan Goldin et Ryan McGinley, ainsi que des artistes aux travaux plus confidentiels – à l’instar de Sahana Ramakrishnan et Katrina Majkut.

Au total, c’est une cinquantaine de peintres, photographes et dessinateur·rice·s qui a accepté de participer à ce projet militant. Les recettes amassées grâce aux ventes des œuvres exposées iront directement à Downtown for Democracy (l’association politique qui co-organise l’événement), qui les redistribuera à des fonds éducatifs et au planning familial américain.

“Nicola”, 1993. (© Catherine Opie/Downtown for Democracy)

“Florida Water”, 2019. (© Allison Janae Hamilton/Downtown for Democracy)

“Abortion is normal”, 2019. (© Judith Bernstein/Downtown for Democracy)

“Cuntrol”. (© Marilyn Minter/Downtown for Democracy)

“Thank God For Abortion via Project for Empty Space”. (© Viva Ruiz/Downtown for Democracy)

La première partie de “Abortion is Normal” est visible à la Galerie Eva Presenhuber, à New York, jusqu’au 18 janvier 2020. La seconde partie de l’exposition sera visible à partir du 21 janvier 2020 à l’Arsenal Contemporary, jusqu’au 1er février 2020.