À la découverte de l’esthétique délicieusement vintage d’Alexis Hellot

À la découverte de l’esthétique délicieusement vintage d’Alexis Hellot

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Par Lisa Miquet

Publié le

Que ce soit pour filmer ou photographier, Alexis Hellot utilise l’argentique avec aisance. Rencontre avec un passionné, pourtant né à l’ère du numérique.

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Alors qu’il travaille avant tout comme cinéaste et scénariste, Alexis Hellot considérait jusqu’à présent la photographie comme un moyen de s’oxygéner. Faire des images plus spontanées et instinctives lui permettait de sortir de la fiction, des tournages longs à organiser où tout doit être pensé en amont. D’une simple bulle pour s’aérer est née une véritable passion, qu’il n’arrive aujourd’hui plus à quitter. Le medium photographique est devenu pour lui un nouveau moyen de raconter des histoires : une nouvelle corde à l’arc de ce touche-à-tout passionné. Nous sommes donc parties à sa rencontre pour comprendre son parcours, ses inspirations et les secrets de sa signature visuelle d’un autre temps.

Cheese | Peux-tu nous présenter ton parcours en quelques mots ?

Alexis Hellot | Très tôt je me suis accaparé les appareils qui traînaient chez mes parents, du vieux reflex 24 × 36 au caméscope, pour photographier ou filmer ma famille. C’est vite devenu une passion dévorante. Et puis j’ai commencé à prendre tout ça très au sérieux. Ensuite, l’apprentissage s’est fait sur le tas, sans vraiment passer par la case école, et avec toujours plus d’ambition.

À l’heure du numérique, pourquoi avoir choisi l’argentique ?

J’ai commencé très jeune à faire des photos à l’argentique et j’avoue n’avoir jamais fait l’effort de m’intéresser au numérique. Et puis les rares fois où j’ai pu utiliser un appareil numérique, j’ai toujours été déçu, et par le résultat et par l’expérience de la prise de vues. Idem pour les films tournés en numérique, ça m’a toujours ennuyé… Alors je préfère me battre un peu plus pour pouvoir tourner mes projets en pellicule et quand je découvre les rushs, c’est toujours une grande joie ! (Malgré quelques mauvaises surprises…)

Tu bosses aussi comme réal et scénariste, en quoi ta pratique de la photographie est complémentaire de ces activités ?

La photo est pour moi une sorte d’antichambre où je peux expérimenter moi-même certains cadres, certains effets de lumière ou d’optique sans la contrainte et la lourdeur d’un tournage où il faut aller vite et savoir à l’avance ce que l’on veut. D’ailleurs, en repérages, je fais beaucoup de photos des décors, testant différents réglages techniques, cherchant en parallèle des idées de cadres et des angles intéressants. J’arrive donc en général sur le tournage avec une idée très précise des plans que je veux faire.

En quoi est-ce un exercice différent de raconter des histoires via l’image en mouvement ?

En photo, le récit c’est surtout celui qui regarde qui le crée. Il faut arriver à mettre en une fraction de seconde dans le cadre de la photo les éléments les plus signifiants pour que le “regardant” ait assez d’infos pour se raconter une histoire à lui-même. Mais ce n’est pas forcément l’histoire que je me suis racontée.

Au cinéma, l’enjeu, c’est quand même de faire vivre collectivement la même histoire à tout le monde, sans forcément uniformiser la compréhension du récit, mais en orientant toujours le regard du spectateur pour l’amener in fine à réfléchir au sens de l’histoire. Pour ça, on pose toute une série de questions au fil de l’intrigue, auxquelles ont choisi de répondre ou pas complètement, si on veut garder une part de mystère.

Avec la photo, il n’y a jamais de réponse, il n’y a que de l’interprétation. Le commencement et la finalité d’un instant photographié n’appartiennent qu’à celui qui regarde et qui choisit d’imaginer l’histoire que la photo lui inspire.

Avec quoi est-ce que tu shootes ?

Des vieux appareils récupérés à droite à gauche, qu’il faut souvent faire réviser… Là, surtout un Nikon FT2.

Tu as une esthétique résolument vintage, qu’est-ce qui te plaît là-dedans ?

Disons que j’aime la photographie des années 1960-1970, avec des couleurs denses et contrastées dues surtout aux pellicules de l’époque – Kodachrome notamment – souvent très chaudes, saturées, avec une belle texture. Un goût qui s’est forgé en regardant des livres photo de types comme William Eggleston ou Mark Cohen. Du coup, je cherche à m’approcher de cette texture et de cette densité de couleur avec ce que mon époque peut m’offrir comme choix de pellicules – aujourd’hui très limité.

Tes photos sont-elles posées ou est-ce souvent le fruit d’un hasard ?

Certaines de mes photos que je regroupe sous le vocable de “fiction” sont clairement mises en scène, donc posées. Elles mûrissent d’ailleurs très longtemps dans ma tête et ont parfois nécessité plusieurs shootings avant d’obtenir la photo que j’imaginais. Pour le reste, mes photos sont généralement le fruit du hasard, de rencontres, bien que sur certaines, le sujet se sachant pris en photo a donc forcément adopté une certaine pose, aussi naturelle soit-elle.

Tu fais beaucoup de photo de rue, qu’est-ce qui t’intéresse dans cette pratique ?

Sortir de la fiction, n’avoir aucun sujet précis, aucun contrôle sur ce que je vais voir, juste traîner dehors. Et c’est très frustrant parce que parfois il ne se passe rien et parfois je suis trop lent pour prendre la bonne photo et je rentre sans rien de bien intéressant. En revanche, quand j’ai réussi à capturer le bon moment, c’est tellement jouissif. Aussi, il y a quelque chose de très beau dans la photo de rue, c’est que le sujet s’ignore complètement en tant que tel, qu’il est une œuvre d’art ambulante qu’il faut réussir à saisir avec parfois juste une poignée de secondes pour y arriver…

Tes projets pour la suite ?

Pour l’instant surtout des projets de films. Un moyen-métrage qui s’achève et plusieurs scénarios en développement dont un long-métrage.

Vous pouvez retrouver le travail d’Alexis Hellot sur son site personnel et sur son compte Instagram.