Depuis 40 ans, Nancy Floyd rend compte du temps qui passe en se photographiant

Depuis 40 ans, Nancy Floyd rend compte du temps qui passe en se photographiant

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© Nancy Floyd

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Par Lise Lanot

Publié le

1 200 images retracent la vie de la photographe américaine qui documente ses changements physiques et son vieillissement.

Son projet avait commencé comme une étude rigoureuse portant sur le corps humain ; il est devenu un témoignage imparfait de son existence. À 25 ans, tout juste diplômée, Nancy Floyd a l’idée de se photographier chaque jour au même endroit, son appareil posé sur un trépied au coin de sa chambre, afin de documenter ses changements physiques et son vieillissement.

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Les premiers temps, il est rare qu’elle loupe une journée, précise le New Yorker, et lorsqu’elle le fait, elle saute une image de sa pellicule. Au bout d’un moment, ce n’est plus un jour par-ci, par-là qu’elle laisse passer, mais une semaine, un mois, voire une année. Pourtant, elle ne met pas un terme à l’engagement qu’elle a pris en 1982 ; pendant 36 ans, elle s’immortalise à l’aide de son appareil argentique, passant au numérique pour son 37e anniversaire.

“8 février 1984/6 janvier 2013”, photos issues du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

À l’heure des selfies “filtrés” visibles par dizaines sur nos écrans, les 1 200 photographies en noir et blanc de Nancy Floyd sont aussi avant-gardistes qu’elles paraissent, par comparaison, inhabituelles. C’est une ode à la simplicité, à la banalité, au quotidien et à l’imperfection. Ses quarante années d’autoportraits intègrent sa famille, sa mère, ses nièces et neveux, ses animaux. Elle fonctionne par série, rassemblant des images d’elle a prises au petit matin, dans le reflet de sa salle de bains, ou sur le pas de sa porte.

Un journal de bord à la gloire des petites choses

Weathering Time, l’ouvrage qui compile ces quatre décennies, n’est pas un panorama du vieillissement. C’est une compilation de souvenirs précis venant d’anonymes, et qui pourraient tout aussi bien être les nôtres. Le Monde note qu’“on voit tout” de Nancy Floyd, sans ne rien savoir d’elle, et c’est là toute la beauté de son livre.

“Maman, 1984/2009”, planche issue du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

Les décors évoluent, les coiffures, les modes et les visages aussi. Malgré ces changements, il y a quelque chose de rassurant dans ces images. Dans la rigueur à laquelle s’est adonnée la photographe tout d’abord, mais aussi dans ce qui ne bouge pas ou ce qui s’affirme : un regard, une posture, une relation.

Nancy Floyd ne partage pas un simple album photo relatant sa vie (ce qui, on est bien d’accord, intéresserait bien peu de monde), mais elle met en lumière avec subtilité la grandeur du quotidien. Pour mieux apprécier le nôtre peut-être ? 

“La chambre noire, 1982/2016”, photos issues du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

“La robe de chambre de Jim, 1983/2012”, photos issues du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

“Steve 1985/2013”, photos issues du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

“Téléphone”, 1987 à 2014, planche issue du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

“T-shirts”, 1983 à 2020, planche issue du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

“23 mars 1984/24 mai 2020”, photos issues du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

“1er septembre 1983/20 juillet 2020”, photos issues du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

“Robin”, 1985 à 2018, planche issue du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

“Animaux”, 1983 à 2020, planche issue du livre “Weathering Time”. (© Nancy Floyd)

Le livre de Nancy Floyd, Weathering Time, est disponible aux éditions Gost Books