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Des colocataires américains photographiés à domicile par Magnus Holmes

Des colocataires américains photographiés à domicile par Magnus Holmes

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© Magnus Holmes

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Par Lise Lanot

Publié le

Magnus Holmes a photographié des colocataires afin d’interroger les dynamiques de leur relation.

Étudiant en sociologie et passionné de photo, Magnus Holmes lie ses deux amours dans ses travaux artistiques. Sa dernière série se focalise sur les familles qu’on se recrée au fil de nos vies, selon les endroits où l’on habite. Dans son Portland chéri, le photographe est parti à la rencontre de colocataires pour enquêter sur les liens “platoniques” tissés par “des personnes qui partagent un espace commun”.

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En plus de tirer leur portrait, il a recueilli leurs témoignages afin d’élucider les dynamiques de leur ménage et les dessous de leur entente. “Je voulais répondre à ces questions de façon visuelle”, explicite l’artiste. Cette enquête a éclairé ses interrogations à plusieurs niveaux – des questions pratiques en premier lieu :

“J’ai été assez surpris par le fait que la plupart des colocataires n’avait pas choisi de vivre avec quelqu’un d’autre pour des raisons économiques. Pendant mes séances, je me suis rendu compte qu’en général, il s’agissait de relations où l’on donne et on reçoit. Cela équilibre leur vie. Les colocs finissent souvent par revêtir des archétypes, tels que celui qui gère, celui qui cuisine, celui qui fait preuve d’empathie, etc.”

© Magnus Holmes

“Une optique sociologique”

Magnus Holmes a débuté cette série il y a deux ans “à travers une optique sociologique”, pour créer un projet “englobant une sélection diversifiée d’individus et de conditions de vie”. Une des conditions de cette diversité était que les modèles soient des inconnu·e·s. Le photographe a publié un message sur le site de petites annonces Craigslist, demandant aux “personnes qui partageaient une dynamique unique avec leur colocataire” de le contacter. Devant l’afflux de messages, Magnus Holmes a opté pour une méthode spontanée :

“Je recevais un message et j’allais photographier les gens la semaine suivante, sans savoir qui ils étaient ou à quoi ils ressemblaient. Je n’avais pas d’attente particulière. Je ne pensais pas à des poses ou à des résultats spécifiques parce que je ne savais pas à quoi m’attendre. À chaque shooting, j’apportais tout mon matériel (mes flashes, mes objectifs) parce que je ne savais même pas à quoi allaient ressembler les lieux.”

© Magnus Holmes

De même qu’il ne prépare pas les séances, l’artiste ne met quasiment pas en scène ses modèles, lui qui vise avant toute chose “l’honnêteté” en même temps que des images “esthétiquement plaisantes”. Pour atteindre ce qu’il voit comme une “contradiction”, Magnus Holmes débute son travail de photographe avant même de tenir son appareil face à ses modèles :

“La plupart du temps, je faisais s’asseoir mes sujets dans l’endroit de leur maison que je préférais. Pendant que j’installais mon équipement, on parlait – en général entre cinq et vingt minutes. Pendant ce temps-là, je notais mentalement les différentes façons dont ils bougeaient, s’asseyaient, tournaient leur tête, leur corps. Quand je commençais à prendre mes photos, je me référais à ces mouvements subtils et leur demandais de les refaire. Selon moi, cela conserve leur authenticité.”

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En portant son attention sur ce sujet qui l’“intriguait” sans que personne “n’y songe en détail”, Magnus Holmes souhaite plus largement “inspirer les gens à voir l’étrange dans le familier, […] le détail dans le quotidien”. “Les colocataires ne sont qu’un exemple de la façon dont des dynamiques compliquées peuvent se cacher à la vue de tous.” 

Placée sous la loupe sociologique de Magnus Holmes se trouve, plus que de simples anecdotes, une réflexion sur la façon dont “les gens prennent des décisions [pour eux et pour les autres]” et sur “leur environnement”. 

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Vous pouvez retrouver le travail de Magnus Holmes sur son site et sur son compte Instagram.